WAT BOUDDHA BOUXA
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Le bouddhisme en quelques
mots
Par le Vénérable Narada Mahathera , transcrit par Dinh Buu Quang
TABLE DES MATIERES
Le jour de la pleine lune de mai, en l'an 623 avant J-C. naquit
au Népal un prince indien du clan des Sakyas, appelé Siddhattha
Gotama qui était destiné à devenir le plus grand maître
religieux du monde. Elevé dans le luxe et recevant une éducation
princière, comme un simple humain, il se maria, eut un fils.
Sa nature contemplative et sa bonté sans limite ne lui permettaient
pas de s'adonner plus longtemps aux plaisirs matériels et fugitifs
d'une cour royale. Il n'était pas triste mais avait une profonde compassion
pour les souffrances de l'humanité. Au milieu du confort et du luxe,
il se rendait compte de la douleur universelle. Le temps était venu
de quitter le palais, ses fastes et ses attraits mondains. Se rendant compte
de la vanité des plaisirs sensuels, il renonça à 29 ans,
à toutes les jouissances terrestres et revêtu de la robe jaune
de l'ascète, seul et dépouillé de tout; il partit à
la recherche de la vérité et de la paix.
Ce fut un événement historique et sans précédent,
car jamais auparavant on n'avait vu un tel renoncement de la part d'un homme
dans la force de l'âge et fils du roi.
Se conformant à la croyance de l'époque selon laquelle quiconque
voulait obtenir son salut devait se livrer à une rigoureuse ascèse
permanente, il pratiqua inlassablement les formes les plus extrêmes
de mortification. "Veille après veille et mortification après
mortification", il fit des efforts surhumains pendant dix longues années,
sans d'autre résultat que de torturer son corps qui eut bientôt
l'aspect d'un squelette.
Instruit par l'expérience personnelle, il fut alors convaincu de l'inutilité
des austérités pénibles et des souffrances qu'il s'imposait.
Non seulement elles épuisaient son corps et son intelligence, mais
elles l'éloignaient aussi de plus en plus du but. Il décida
finalement de suivre une voie indépendante, évitant les deux
extrêmes qui étaient d'une part, l'abandon aux plaisirs sensuels
et d'autre part, l'abandon aux mortifications physiques, le premier retardant
le progrès spirituel et, le second affaiblissant l'esprit. La nouvelle
voie qu'il découvrit était la voie moyenne, majjhima pa?ipada,
(juste milieu), qui devait constituer une des caractéristiques essentielles
de son enseignement.
Un matin mémorable, pendant qu'il était profondément
absorbé dans sa méditation, sans guide et sans l'aide d'un pouvoir
surnaturel, mais ne comptant que sur ses propres efforts et sa sagesse, il
se libéra de toutes les souillures et impuretés et parvint à
la connaissance parfaite, à l'éveil (état de Bouddha),
à l'âge de 35 ans. Il n'était pas né Bouddha, il
en devint par sa seule volonté. En Maître sage et compatissant,
il consacra le restant de sa vie à prêcher les vertus dont il
était l'incarnation parfaite, et à servir l'humanité
par l'exemple et les préceptes, travaillant sans relâche et sans
égoïsme personnel, pour le bonheur et le salut de tous.
Après un fructueux ministère de 45 année, le Bouddha,
comme tout mortel, succomba à l'inexorable loi de l'impermanence et
mourut dans sa quatre-vingtième année, en recommandant à
ses disciples de considérer sa doctrine comme leur Maître.
Le Bouddha était un être humain. comme un homme il naquit, comme
un homme il vécut et, sa vie eut une fin comme toute vie humaine. Il
devint certes un homme exceptionnel acchariya manussa, mais il ne revendiqua
jamais un caractère divin. Il tenait à dissiper tout doute sur
ce point, ne voulant pas qu'on commît l'erreur de lui attribuer une
essence divine et immortelle. En effet, jamais on ne le déifia. Et
pourtant, si "aucun Maître ne fut moins Dieu que le Bouddha, aucun
ne ressemblait plus à un Dieu que lui".
Le Bouddha n'est ni une incarnation du dieu hindou Vishnou comme certains
le croient, ni un sauveur qui se sacrifie librement pour le salut des autres.
Le Bouddha exhortait ses disciples à ne compter que sur eux-mêmes
pour obtenir leur Libération, car la pureté comme la souillure
se trouvaient en eux-mêmes. Il leur disait qu'il était seulement
leur Maître et leur Guide, et insistait sur l'importance de la responsabilité
individuelle et sur la nécessité des efforts personnels. "Il
vous appartient de travailler à votre purification, les tathagata vous
montrent seulement le chemin".
Ce chemin est celui de la Délivrance, c'est à nous de le suivre.
"Compter sur les autres pour gagner son salut est négatif mais
compter sur soi-même est positif". Compter sur les autres c'est
capituler.
Dans le parinibbana sutta, le Bouddha a dit à ses disciples : "Soyez
votre propre île, soyez votre propre refuge, ne cherchez pas d'autre
refuge". Ces paroles nous rappellent que, s'il est indispensable d'avoir
de la détermination et de la persévérance pour réussir,
il est par contre futile de demander à des sauveurs bienveillants de
nous sauver, ou de poursuivre un bonheur illusoire dans une vie future en
flattant des dieux imaginaires par des prières égoïstes
et de vains sacrifices.
D'ailleurs, le Bouddha ne s'attribuait pas le monopole de l'état de
Bouddha. Au lieu de décourager ses adeptes et de se réserver
le privilège de cet état suprême, il les exhortait à
l'imiter. Ayant atteint le plus haut sommet de la perfection, et en Maître
qui ne cachait rien dans sa paume fermée, il leur révéla
la seule voie qui y menait, cette voie même qu'il avait parcourue. Le
Bouddha ne considérait pas les êtres humains comme des misérables
pécheurs ou des esclaves soumis à la volonté d'un Pouvoir
Suprême. Au contraire, il avait foi en la valeur de l'homme, en ses
extraordinaires possibilités latentes et en son pouvoir de créer
sa propre destinée.
Au lieu de placer au-dessus de l'homme un dieu invisible et tout-puissant,
le Bouddha enseigne que chacun est responsable de lui-même et qu'il
peut atteindre la délivrance spirituelle sans recourir à la
compassion divine ou à la médiation de prêtres. Les hommes
ne sont pas pervers, ils sont seulement aveuglés par l'ignorance. Nous
sommes tous nés bons, nous possédons tous potentiellement la
qualité de Bouddha.
Celui qui aspire à en devenir est appelé Bodhisatta, un être
de sagesse dont le noble idéal - le plus beau et le plus raffiné
qui soit dans ce monde égocentrique - est de mener une vie pure toute
entière consacrée au service des autres.
Le Bouddha s'élevait aussi contre le système dégradant
des castes et prêchait l'égalité des hommes. Il déclarait
que les portes du succès et de la prospérité étaient
ouvertes à tous ceux qui, fusent-ils puissants ou humbles, vertueux
ou corrompus, aspiraient à la perfection et étaient prêts
à tourner la page. Pour des hommes et des femmes méritants appartenant
à des castes, des races ou des classes sociales différentes,
il fonda une communauté religieuse dotée d'une constitution
démocratique. Il n'exigeait pas de ses disciples une obéissance
passive à son enseignement ou à lui-même mais il leur
laissait une complète liberté de pensée.
Il consolait les affligés, soignait les malades délaissés,
secourait les pauvres et les abandonnés, ramenait les égarés
et les criminels dans le droit chemin, encourageait les faibles, unissait
les désunis, éclairait les mauvais, inculquait le sens de la
dignité aux bons. Il était aimé des riches comme des
pauvres, des saints comme des criminels. Rois et princes, nobles et millionnaires,
savants et balayeurs de rues, assassins et courtisanes, tous tiraient profit
de ses paroles de sagesse et de compassion. Son visage offrait l'image de
la paix et de la sérénité et son noble exemple était
une source d'inspiration pour tous son message de Paix et de Tolérance
constituait un bienfait d'une valeur inestimable pour ceux qui avaient le
bonheur de l'entendre et de le mettre en pratique.
Partout où il s'est propagé, l'enseignement du Bouddha a laissé
son empreinte ineffaçable sur le caractère des peuples, contribué
au progrès culturel des nations et exercé une influence civilisatrice
considérable sur un grand nombre de pays, en particulier en Asie. Bien
que plus de 2.500 ans se sont écoulés depuis la disparition
de ce grand Maître, le magnétisme de sa personnalité exceptionnelle
demeure toujours intact. Une volonté de fer, une profonde sagesse,
un amour universel une compassion infinie, un service plein d'abnégation,
un grand renoncement, une pureté absolue, des méthodes exemplaires
pour propager l'enseignement et le succès final, tous ces facteurs
ont amené environ le cinquième de la population mondiale actuelle
à saluer le Bouddha comme leur plus grand Maître religieux.
Rendant un hommage fervent au Bouddha, Sri Radha-Krishna dit : "En Gotama
le Bouddha nous voyons un esprit supérieur de l'orient qui ne le cède
à personne dans le domaine de l'influence sur la pensée et sur
la vie de la race humaine. Il est vénéré de tous en tant
que fondateur d'une tradition religieuse dont l'emprise n'est guère
moindre que celle de n'importe quelle autre religion, quant à son étendue
et sa profondeur. Il appartient à l'histoire de la pensée du
monde, à l'héritage commun des hommes cultivés, car par
son intégrité intellectuelle, son élévation morale
et sa pénétration spirituelle, il est sans aucun doute l'un
des plus grands personnages de l'Histoire".
Dans les "Trois plus grands hommes de l'histoire", HG-Wells écrit
: "En Bouddha vous voyez clairement un homme, simple, sincère,
solitaire, qui lutte pour conquérir la lumière, une personnalité
humaine forte et vivante, non un mythe. Lui aussi a apporté au monde
un message de caractère universel avec lequel beaucoup de nos idées
modernes sont en étroite harmonie. Il nous a enseigné que toutes
les peines et contrariétés sont dues à l'égoïsme.
Pour connaître la sérénité, l'homme doit cesser
de vivre pour jouir du plaisir des sens ou pour lui-même. Alors il devient
un être supérieur. Cinq cents ans avant J-C, le Bouddha, dans
un langage différent, a conseillé aux hommes l'oubli de soi.
A certains points de vue, il est plus proche de nous et de nos aspirations.
En ce qui concerne notre individualité et notre utilité, il
était plus lucide que le Christ et en ce qui concerne l'immortalité
de chacun, il était moins ambigu".
Saint-Hilaire remarque: "Il est le modèle parfait de toutes les
vertus qu'il prêche. Sa vie n'a pas une seule tache".
Fausboll dit : "Plus je le connais, plus je l'aime". Un de ses humbles
disciples dirait : "Plus je le connais, plus je l'aime; et plus je l'aime,
plus je le connais".
LE DHAMMA,EST-CE UNE PHILOSOPHIE ?
Le système non agressif, moral et philosophique exposé
par le Bouddha, n'exige pas de ses adeptes une foi aveugle, n'énonce
pas de croyance dogmatique et n'approuve pas la pratique superstitieuse des
rites et cérémonies. Pour un disciple qui possède une
règle de vie et des pensées pures, il est la voie qui conduit
à la Sagesse suprême et à la Délivrance de tous
les maux. Ce système appelé le dhamma, est familièrement
connu sous le nom de Bouddhisme.
Le Bouddha miséricordieux est mort mais le subgrey dhamma qu'il a généreusement
légué à l'humanité, existe toujours dans sa pureté
première.
Le Maître n'avait laissé aucun écrit mais ses disciples
avaient appris par coeur tout son enseignement, qui fut par la suite transmis
oralement de génération en génération. Immédiatement
après la disparition du Bouddha, 500 éminents arahat (les Parfaits,
les disciples qui avaient détruit toutes les passions) versés
dans le dhamma (l'Enseignement) et le vinaya (la Discipline), réunirent
un concile pour compiler la Doctrine telle qu'elle avait été
enseignée par le Bouddha. Le Vénérable Ananda qui avait
jouit du privilège d'entendre tous les discours, récita le dhamma
tandis que le Vénérable Upali récita le vinaya. C'est
ainsi que les arahat de ce temps-là compilèrent et arrangèrent
le tipitaka sous la forme que nous lui connaissons aujourd'hui. Vers l'an
83 avant J-C, sous le règne du pieux roi Vattagamani-Abhaya, le grand
Concile tenu à Aloka-Vihara de Matale (à Ceylan), décida
de fixer l'Enseignement par l'écriture. C'est ainsi que, pour la première
fois dans l'histoire du bouddhisme, le tipitaka fut fixé par écrit
sur des feuilles de palmier. Le tipitaka qui contient l'essence de l'enseignement
du Bouddha, fait environ 11 fois le volume de la Bible et forme en contraste
marqué avec celle-ci car il ne comporte pas de développement
progressif.
Comme son nom l'indique, le Tipitaka se compose de trois Corbeilles: la Corbeille
de la Discipline vinaya pitaka, la Corbeille des Discours Sutta Pitaka et
la Corbeille de la Doctrine Ultime abhidhamma pitaka.
Le vinaya pitaka qui comprend 5 livres, est considéré comme
le fondement du plus ancien ordre religieux connu, le sangha. Il traite principalement
des instructions et des statuts établis par le Bouddha quand l'occasion
se présentait, en vue d'instaurer la discipline de l'ordre des moines
bhikkhus et les nonnes bhikkhunis. On y trouve la description détaillée
du développement du sasana (dispensation), le récit de la vie
et du ministère du Bouddha, des renseignements importants et intéressants
concernant l'histoire ancienne, les arts et les sciences, les moeurs et coutumes
de l'Inde etc...
Le sutta pitaka contient essentiellement les discours prononcés par
le Bouddha en diverses occasions ainsi qu'un certains nombre de discours de
quelques-uns de ses meilleurs disciples, les Vénérables Sariputta,
Moggallana, Ananda etc... Ce recueil qui ressemble à un livre de préceptes,
réunit des sermons dont l'explication varie suivant les circonstances
et le tempérament de chacun. A première vue, certaines déclarations
peuvent sembler contradictoires mais il faut se garder d'une interprétation
erronée, car elles étaient toujours prononcées par le
Bouddha dans un but précis: à une même question, tantôt
le Bouddha gardait le silence (quand son interlocuteur voulait seulement satisfaire
une curiosité stupide), tantôt il donnait une réponse
détaillée (quand il savait que son interlocuteur était
un chercheur enthousiaste de la Vérité). La plupart des sermons,
destinés surtout aux bhikkhus, traitent de la vie sainte et de l'interprétation
de la Doctrine. D'autres discours traitent des progrès matériels
et spirituels des disciples laïques. Le sutta pitaka comprend 5 nikayas
ou collections dont le 5ème se subdivise en 15 livres.
L'abhidhamma pitaka, le plus important et le plus intéressant des 3
corbeilles contient la profonde philosophie de l'enseignement du Bouddha à
la différence du sutta pitaka qui contient des discours simples et
édifiants. Dans le sutta pitaka se trouve l'enseignement conventionnel
alors que dans l'abhidhamma pitaka constitue un guide indispensable pour les
sages et offre une nourriture intellectuelle aux personnes spirituellement
évoluées, ainsi que des sujets de réflexion aux savants.
On y trouve la définition de la conscience, la composition détaillée
de chaque type de conscience, l'analyse et la classification des pensées,
l'énumération des formations mentales, la description du processus
de la pensée, l'explication sommaire de la matière, ses unités
fondamentales, ses propriétés, son origine et sa relation avec
l'esprit. L'analyse de l'esprit et de la matière, les deux composantes
de ce que l'on appelle un "être", aide à mieux comprendre
la vraie nature des choses pour en dégager une philosophie, base d'un
système éthique dont le but ultime est le nibbana.
Dans le tipitaka, on trouve une nourriture spirituelle qui convient aux faibles
comme aux forts, car le Bouddha prêchait sa doctrine aux masses aussi
bien qu'aux intellectuels. Le subgrey dhamma conservé dans ces textes
sacrés, traite de faits et de vérité mais ne s'occupe
pas de théories ni de philosophies qu'on accepte aujourd'hui comme
des vérités profondes et qu'on renie le lendemain. Le Bouddha
ne nous a pas donné de nouveau système philosophique ni de nouvelle
science sensationnelle. Il nous a expliqué tout ce qu'il estimait nécessaire
à notre libération et nous a indiqué un chemin menant
vers la fin de toute douleur. On pourrait cependant dire qu'il a devancé
bien des savants et philosophes modernes.
Schopenhauer dans "Le monde comme Volonté et Représentation",
a exposé la vérité sur la souffrance et sa cause selon
une conception occidentale. Spinoza, tout en ne niant pas l'existence d'une
réalité permanente, affirme que toute existence permanente est
transitoire. Il pense que, pour vaincre la souffrance, on doit "trouver
un objet de connaissance non changeant, non éphémère,
mais immuable, permanent et éternel". Berkeley a démontré
que le soi-disant indivisible atome est une fiction métaphysique. Hume,
après une analyse serrée de l'esprit, a conclu que la conscience
est formée d'états mentaux passagers. Bergon défend la
doctrine du changement. Le professeur Jaims fait allusion à un courant
de conscience.
Le Bouddha avait expliqué ces doctrines de l'impermanence anicca, de
la souffrance dukkha et du non-soi anatta, il y a plus de 2500 ans, alors
qu'il séjournait dans la vallée du Gange.
Le Bouddha n'avait pas prêché tout ce qu'il savait. Un jour qu'il
traversait une forêt, il prit une poignée de feuilles dans sa
main et dit : "Ô Bhikkhus! Ce que je vous ai enseigné est
comparable aux feuilles que je tiens dans ma main. Ce que je ne vous ai pas
enseigné est comparable à toutes les feuilles de la forêt".
Son enseignement n'avait en effet qu'un seul but spécifique, notre
purification; aussi, ne faisait-il pas de distinction entre une doctrine ésotérique
et une doctrine exotérique. Toutefois, les problèmes intéressant
l'humanité mais n'ayant aucun rapport avec sa purification étaient
délibérément écartés.
Certes, on peut dire que le Bouddhisme et la science s'accordent ensemble,
mais comme deux enseignements parallèles, puisque l'un traite uniquement
de vérités morales et spirituelles, tandis que l'autre s'occupe
de vérités matérielles. Le dhamma du Bouddha n'est pas
destiné à être conservé dans les livres ou étudié
pour sa valeur historique et littéraire. Au contraire, chacun doit
l'étudier et le mettre en pratique dans la vie de tous les jours, et
surtout le réaliser, car il permet de parvenir au but. Le dhamma est
un radeau dont on se sert pour s'échapper de l'Océan de la naissance
et de la mort, le samsara.
On ne peut donc pas appeler le Bouddhisme une philosophie, étant donné
qu'il n'est pas seulement "l'amour de la sagesse, qui conduit à
la recherche de celle-ci". Le Bouddhisme peut ressembler à une
philosophie mais il est beaucoup plus vaste. La philosophie s'intéresse
surtout à la connaissance mais pas à la pratique, alors que
le Bouddhisme insiste particulièrement sur la pratique et la réalisation.
Le Bouddhisme n'est pas non plus une religion dans le sens qu'on
donne généralement à ce terme, car il n'est pas "un
système de foi et d'adoration fondé sur l'allégeance
à un être surnaturel".
Le Bouddhisme n'exige pas une foi aveugle de la part de ses adeptes. Ici,
la croyance pure et simple est remplacée par la confiance saddha qui
est basée sur la connaissance. La confiance qu'un fidèle place
en Bouddha est comme celle d'un malade en son médecin ou celle d'un
étudiant en son maître.
Bien qu'il cherche refuge dans le Bouddha comme Maître et guide, un
bouddhiste est conscient qu'il doit travailler lui-même à sa
libération. Il n'est pas dans le pouvoir d'un Bouddha de débarrasser
les autres de leurs impuretés; de même, il n'est dans le pouvoir
de personne de purifier ou de souiller une autre personne. Un bouddhiste ne
fait ni de soumission servile ni ne sacrifie sa liberté de pensée,
mais peut exercer librement sa volonté et développer sa sagesse
jusqu'à devenir à son tour un Bouddha
Le point de départ du Bouddhisme est le raisonnement ou la Compréhension
Juste samma ditthi.
A ceux qui cherchaient la vérité, le Bouddha disait :
-Ne vous fiez point à des ouï-dire (en pensant : nous avons entendu
dire ainsi depuis longtemps).
-Ne vous fiez point à la tradition (en pensant : ceci nous a été
légué depuis des générations).
-Ne vous fiez point aux bruits et rapports (en croyant ce que les autres disent
est vrai).
-Ne vous fiez point à l'autorité des textes religieux.
-Ne vous fiez point aux suppositions.
-Ne vous fiez point aux déductions.
-Ne vous fiez point à la simple logique .
-Ne vous fiez point aux idées préconçues.
-Ne vous fiez point aux vraisemblances (en pensant : l'interlocuteur semble
noble, donc nous devons le croire).
-Ne vous fiez point à ce que dit l'ascète (en pensant : nous
le respectons, donc il est sage d'accepter ses paroles).
-"Mais quand vous avez vu par vous-même : ces choses sont immorales,
ces choses sont mauvaises, ces choses sont blâmées par les sages,
ces choses, quand elles sont exécutées et entreprises, conduisent
à la ruine et à la souffrance, c'est alors que vous les repoussez".
-"Quand vous avez vu par vous-même: ces choses sont morales, ces
choses ne sont pas blâmables, ces choses sont louées par les
sages, ces choses, quand elles sont exécutées et entreprises,
conduisent au bien-être et au bonheur, c'est alors que vous les pratiquez".
Ces paroles du Bouddha conservent encore leur force et leur fraîcheur
premières.
La foi aveugle étant absente dans le Bouddhisme, un Bouddhiste n'adore
pas l'image du Bouddha, il ne le "prie" pas non plus pour en obtenir
des faveurs matérielles ou spirituelles. Les offrandes de fleurs et
d'encens sont des gestes symboliques de respect et de gratitude. En rendant
hommage à l'image du Bouddha, le but d'un fidèle est de s'inspirer
des vertus du Bouddha de stimuler dans son esprit le désir de cultiver
de telles qualités en lui-même. L'image du Bouddha ainsi que
l'arbre bodhi (qui est également le symbole de L'Eveil) aident seulement
à fixer l'attention mais ne sont absolument pas indispensables à
une personne intellectuelle qui pourrait facilement concentrer son attention
et "visualiser" le Bouddha.
Le Bouddha attendait de ses disciples moins des marques de respect que l'observance
concrète de son Enseignement. Il disait: "celui qui pratique le
mieux mon Enseignement m'honore le mieux. Qui voit le dhamma me voit".
Le comte Kaiserling remarque : "Je ne vois rien de plus noble en ce monde
que l'image du Bouddha. Elle est la personnification parfaite de la spiritualité
dans le domaine visible".
Les prières sous forme de supplications ou d'intercessions n'existent
pas dans le Bouddhisme. Même si nous adressons des prières au
Bouddha, nous n'en recevrons pas des faveurs ni ne serons sauvés pour
autant. Au lieu des prières, il y a la méditation qui fortifie
le coeur et l'esprit, conduit au contrôle de soi, à la purification
et à l'Eveil. Méditer ne signifie pas avoir l'esprit vide ou
rêver, méditer c'est faire des efforts constants et réels.
Selon le Bouddhisme, les prières sont inutiles et donne une mentalité
servile. Un bouddhiste n'adresse pas de prières pour être sauvé,
il compte sur lui-même pour parvenir à sa libération.
"Les prières prennent le caractère d'arrangements privés
avec Dieu, de marchandages intéressés dont le but est la possession
des biens terrestres, et qui exaltent le sens du "soi". La méditation
en revanche, est la réforme de soi-même". (Sri RadhaKrishna).
Dans le Bouddhisme, il n'y a pas comme dans la plupart des autres religions,
un Dieu Tout-Puissant qu'on doit craindre et servir. Le Bouddhisme nie l'existence
d'un potentat cosmique omniscient et omniprésent, ainsi que celle de
messagers porteurs de révélations divines. Un bouddhiste n'est
pas l'esclave d'un quelconque pouvoir surnaturel qui, régissant sa
destinée, le récompense ou le punit arbitrairement.
Cependant, on ne doit pas en déduire que le Bouddhisme dénigre
les autres religions. Il ne prétend pas non plus qu'il détient
le monopole de la Vérité. Le Bouddhisme fait surtout ressortir
la dignité de l'homme et enseigne que la Libération de chaque
individu est son œuvre personnelle, le but suprême que chacun peut
atteindre par son propre effort.
Le Bouddhisme n'est donc pas exactement une religion, n'étant ni un
système de croyance et d'adoration, ni les "rites et cérémonies
par lesquels les hommes montrent qu'ils reconnaissent l'existence d'un Dieu
ou de dieux maîtres de la destinée du genre humain, et à
qui obéissance, hommages et honneurs sont dus".
Si, par religion on entend "un enseignement dont la vision de la vie
est mieux que superficielle, un enseignement qui embrasse toute la vie et
ne se contente pas seulement de l'observer, un enseignement qui donne à
l'homme une règle de conduite en accord avec cette vision, un enseignement
qui permet à ses adeptes de faire face à la vie avec courage
et à la mort avec sérénité" (Bhikkhu Silacara)
ou un système qui permet de se débarrasser des maux de la vie,
alors le Bouddhisme est certainement la religion des religions.
Le Bouddhisme contient un code éthique excellent, d'une
parfaite attitude altruiste, qui prescrit une règle de vie aux moines
et une autre aux laïques, mais il est beaucoup plus qu'un enseignement
moral. La Moralité n'est que l'étape préliminaire sur
le Chemin de la Pureté, un moyen d'atteindre le but, elle n'est pas
elle-même le but. Bien qu'elle soit absolument essentielle, La Moralité
ne permet pas de parvenir à la Libération, elle doit aller de
pair avec la Sagesse ou Connaissance Parfaite (pañña). Le Bouddhisme
a pour base la Moralité et pour sommet la Sagesse.
Un bouddhiste est tenu, non seulement de pratiquer ces principes moraux dans
sa façon de vivre et de penser, mais aussi d'appliquer ces mêmes
principes à l'égard de tous les êtres vivants sans exception,
humains et animaux. La Moralité bouddhique qui n'a été
ni fondée sur des révélations discutables ni inventée
par un esprit exceptionnel, constitue un code pratique et rationnel basé
sur une vérité démontrable et l'expérience personnelle
de chacun.
L'idée de récompense ou de châtiment étant rejetée
par le Bouddhisme, aucune influence surnaturelle extérieure ne joue
le moindre rôle dans le façonnement du caractère d'un
bouddhiste. Conscient de sa responsabilité morale, celui-ci sait que
le bonheur ou la souffrance qu'il éprouve sont les juste et inévitables
conséquences de ses actions. Il ne se demande pas si par tel ou tel
agissement il pourrait s'attirer les faveurs ou le courroux d'un Dieu. Ce
n'est pas l'espoir d'être récompensé qui l'encourage à
faire le bien ni la crainte d'être puni qui l'empêche de faire
le mal. Il s'efforce de faire le bien pour pouvoir parvenir plus vite à
l'Eveil (bodhi). Toutefois certaines personnes font le bien parce que c'est
moral et s'abstiennent de faire le mal parce que c'est immoral.
Pour comprendre le haut degré de moralité qu'un vrai bouddhiste
devrait atteindre, il est recommandé de lire le dhammapada, le singalovada
Sutta, le vyagghapajja sutta, le ma?gala sutta, le kara?iya metta sutta, le
parabhava sutta, le vasala sutta, le dhammika sutta etc.
Le Bouddhisme est un enseignement moral qui surpasse tous les systèmes
éthiques, la moralité n'étant que son point de départ,
non son objectif.
Le Bouddhisme n'est pas une philosophie mais c'est la philosophie des philosophies
Ce n'est pas une religion, mais c'est la religion des religions.
Ce n'est ni une voie métaphysique, ni une voie rituelle.
Il n'est ni sceptique, ni dogmatique.
Il n'encourage ni l'abandon aux plaisirs sensuels, ni l'abandon aux mortifications.
Il n'est ni pessimiste, ni optimiste, mais réaliste.
Il n'est ni éternaliste, ni nihiliste.
Il n'est ni de ce monde, ni de l'autre.
Il est la voie qui mène à l'Eveil.
Le terme pâli pour désigner le Bouddhisme est dhamma, qui signifie
littéralement "ce qui soutient".
Le dhamma est la doctrine de la réalité. Il est un moyen de
se délivrer de la souffrance, et il est lui-même de la Délivrance.
Que les Bouddhas apparaissent ou non, le dhamma existe. Il reste seulement
caché aux yeux des hommes aveuglés par l'ignorance, jusqu'au
jour où un Bouddha, un Eveillé, par compassion, le révèle
au monde.
Le dhamma n'est pas quelque chose en dehors de soi, il est en soi. Ainsi,
le Bouddha exhortait-il : "Demeurez en vous-même comme en une île,
soyez à vous-même votre propre refuge, faites du dhamma votre
île, votre refuge. Ne cherchez pas de refuge en-dehors de vous-même".
(parinibbana sutta)
QUELQUES CARACTERISTIQUES ESSENTIELLES DU BOUDDHISME
Les fondements du Bouddhisme sont les Quatre Nobles Vérités
: la Souffrance, la Cause de la Souffrance (c'est-à-dire le Désir
égoïste), la Cessation de la Souffrance (c'est-à-dire le
nibbana) et la Voie Moyenne (qui conduit à la cessation de la souffrance).
Quelle est la Noble Vérité sur la souffrance ?
«La naissance est la souffrance, la vieillesse est la souffrance, la
maladie est la souffrance, la mort est la souffrance, être uni à
ce qu'on n'aime pas est souffrance, être séparé de ce
qu'on aime est souffrance, ne pas avoir ce qu'on désire est souffrance.
En résumé, les cinq Agrégats de l'Attachement sont souffrance».
Quelle est la Noble Vérité sur la Cause de la Souffrance ?
«C'est le désir qui a le pouvoir de faire renaître, accompagné
de convoitise, cherchant satisfaction çà et là; c'est
le désir des sens, le désir d'éternité et le désir
d'annihilation».
Quelle est la Noble Vérité sur la Cessation de la souffrance
?
«C'est la cessation complète, l'extinction totale de ce désir,
qu'on délaisse, dont on se détache, s'échappe et se libère».
Quelle est la Noble Vérité qui conduit à la Cessation
de la souffrance ?
«C'est le Noble Octuple Chemin qui est formé de : la Compréhension
Juste, la Pensée juste, la Parole Juste, l'Action Juste, les Moyens
d'Existence Justes, l'Effort Juste, l'Attention Juste, la Concentration Juste».
Ces quatre Vérités sont présentes dans l'univers, cachées
dans le ténébreux abîme des temps jusqu'au moment où
les Bouddhas les révèlent. Interprété scientifiquement,
le dhamma pourrait être appelé la loi de la cause et de l'effet,
qui constitue le noyau de l'enseignement du Bouddha.
Les trois premières Vérités représentent la philosophie
du Bouddhisme et servent de base à la quatrième Vérité
qui représente l'éthique du Bouddhisme. Les quatre Vérités
forment l'enseignement tout entier. Le Bouddha a déclaré : «je
vous le dis, c'est dans ce corps long d'une toise, avec ses perceptions et
ses pensées, qu'est le monde, l'origine du monde, la cessation du monde
et le chemin qui mène à la cessation du monde».
Le Bouddhisme est certes fondé sur la souffrance, mais il ne faut pas
en conclure qu'il est pessimiste. Sans être tout à fait pessimiste
ni tout à fait optimiste, il enseigne une vérité qui
se trouve à mi-chemin. Le Bouddha aurait pu être considéré
à juste titre comme un pessimiste s'il avait seulement trouvé
la vérité sur la souffrance, sans suggérer le moyen de
la supprimer. Or, après avoir découvert le caractère
universel de la souffrance, il a proposé un vrai remède pour
guérir l'humanité de ce mal universel. Selon le Bouddha, le
plus grand bonheur qui puisse se concevoir est le nibbana qui est l'extinction
totale de la souffrance.
Dans l'Encyclopédie Britannique, l'auteur de l'article sur le pessimisme
écrit : «Le pessimisme dénote une attitude de désespoir
devant la vie, une opinion vague et générale qui veut que le
chagrin et le mal prédominent dans les affaires des hommes. En fait,
la doctrine originelle du Bouddha est aussi optimiste que n'importe quelle
autre doctrine optimiste de l'Occident. L'appeler pessimiste, c'est la considérer
suivant une optique spécifiquement occidentale, selon laquelle le bonheur
ne peut exister s'il n'y a pas de personnalité. Le vrai bouddhiste
attend avec enthousiasme le jour où il se fondra dans la félicité
éternelle».
En général, la jouissance des plaisirs des sens constitue le
plus grand ou l'unique bonheur de l'homme. Il y a certainement une sorte de
bonheur momentané dans l'attente, la jouissance et le souvenir de ses
plaisirs, mais ceux-ci sont illusoires et éphémères.
Pour le Bouddha, l'absence d'attachement est une félicité plus
grande.
Le Bouddha ne demande pas à ses disciples de méditer continuellement
sur la souffrance et de mener une vie triste et misérable. Il les exhortait
à être toujours contents et joyeux car la joie piti est l'une
des conditions de l'Eveil.
Le vrai bonheur se trouve en soi. Il ne consiste pas dans la satisfaction
des désirs ou dans la possession matérielle. Parfois même,
les possessions deviennent une source de souffrance et d'affliction, comme
dans le cas des biens mal acquis, des richesses mal employées, des
honneurs vains, des conquêtes dévastatrices ou des enfants auxquels
on s'attache trop.
Au lieu de chercher à expliquer la souffrance, le Bouddhisme reconnaît
son existence et en recherche la cause pour la détruire. La souffrance
découlant du désir égoïste, le seul moyen d'y mettre
fin est de suivre le Noble Octuple Chemin qui conduit à la béatitude
du nibbana.
Ces quatre Vérités sont démontrées par l'expérience
pratique. Le dhamma du Bouddha n'est pas fondé sur la peur de l'inconnu
mais sur des faits solides que chacun peut vérifier par lui-même.
Le Bouddhisme est un système rationnel et surtout pratique qui ne contient
ni mystère ni doctrine ésotérique. La foi aveugle lui
étant étrangère, il n'y a donc pas de coercition de persécution
ou de fanatisme. A l'honneur du Bouddhisme, on peut dire qu'au cours de sa
marche paisible longue de plus de 2500 ans, pas une goutte de sang n'a été
versée au nom du Bouddha, pas un monarque ne s'est servi de son épée
pour propager le dhamma et pas une conversion n'a été faite
par la force ou des méthodes répréhensibles. Le Bouddha
fut pourtant le premier et le plus grand missionnaire qui ait vécu
sur la terre.
Aldous Huxley écrit: «Le Bouddhisme est la seule grande religion
du monde qui ait fait son chemin sans employer la persécution, la contrainte
ou l'inquisition».
Comme le remarque Lord Russell : «De toutes les grandes religions de
l'histoire, je préfère le Bouddhisme, en particulier celui des
premier temps, parce qu'il ne contenait pas le moindre élément
de persécution».
Aucun lieu sacré n'a été rougi du sang de femmes innocentes,
aucun penseur sincère ni aucun hérétique n'a été
brûlé vif au nom du Bouddhisme qui fait appel à l'intelligence
plutôt qu'au sentiment et attache plus d'importance à la force
de caractère de ses adeptes qu'à leur force numérique.
Un jour, Upali, disciple de nigantha nataputta, s'approcha du Bouddha et fut
si heureux de l'entendre exposer le dhamma qu'il exprima aussitôt le
désir de devenir son disciple. Mais le Bouddha lui donna le conseil
suivant : «Examinez la vérité à fond, ô chef
de famille ! Réfléchir sérieusement est bon pour un homme
distingué comme vous». Surpris par ces paroles, Upali répondit
: «Vénérable Seigneur, si j'avais été le
disciple d'une autre religion, ses adeptes m'auraient promené par les
rues pour proclamer que tel millionnaire a renoncé à sa foi
et embrassé la leur. Mais vous, Vénérable Seigneur, vous
me conseillez de réfléchir encore. Pour la deuxième fois,
je cherche refuge dans le Bouddha, le dhamma et le Sangha».
Le Bouddhisme est imprégné de cet esprit de libre arbitre et
de complète tolérance. C'est l'enseignement de l'esprit ouvert
et du coeur compatissant qui répand la lumière de sa sagesse
et la chaleur de son amour universel sur tous les êtres qui se débattent
sur le samsara, l'Océan de la naissance et de la mort.
Le Bouddha était si tolérant qu'il n'usait pas de son autorité
pour donner des ordres à ses disciples laïques. Au lieu de commander,
il exhortait en disant : «Il serait bon que vous fassiez ceci, il serait
bon que vous ne fassiez pas cela».
Le Bouddha étendait sa tolérance aux hommes, aux femmes et à
tous les êtres vivants. Il fut le premier à tenter d'abolir l'esclavage
et le système dégradant des castes qui avait toujours existé
en Inde. Selon ses paroles, ce n'est pas par sa naissance qu'on est paria
ou noble, c'est par ses actes qu'on le devient. La caste ou la race ne constituent
pas des obstacles pour quiconque veut devenir un disciple du Bouddha ou entrer
dans l'ordre monastique. Tous ceux qui le désiraient, fussent-ils pêcheurs,
balayeurs de rues, courtisanes, guerriers ou Brahmanes, étaient admis
librement dans la communauté religieuse où ils jouissaient des
mêmes privilèges et occupaient les mêmes rangs et positions.
De préférences aux autres disciples, Upali le barbier fut choisi
pour veiller à l'application des règles du vinaya. L'humble
balayeur de rues Sunita fut admis dans l'ordre par le Bouddha lui-même
et devint plus tard un Arahat. Angulimala, brigand et criminel, se repentit
et devint un saint au grand coeur, de même que le cruel Alavaka et la
courtisane Ambapali qui cherchèrent refuge dans le Bouddha et devinrent
aussi des arahat. De nombreux exemples semblables relevés dans le Tipitaka,
montrent que la porte de la Vérité étaient grandes ouvertes
à tous, sans discrimination de race, de caste ou de condition sociale.
Ce fut le Bouddha qui releva la condition des femmes opprimées à
qui il fit prendre conscience de l'importance de leur rôle dans la société.
Ce fut aussi lui qui fonda pour elles la première communauté
religieuse. Il ne méprisait pas les femmes, il les considérait
seulement faibles de nature. Il voyait le bien inné chez les hommes
aussi bien que chez les femmes et dans son enseignement, il assignait à
chacun la place qui lui revenait. Hommes et femmes avaient les mêmes
chances de devenir des saints. Parfois, le terme Pâli employé
pour désigner les femmes est matugama qui signifie mères ou
société des mères. La mère tient une place honorable
dans le Bouddhisme et l'épouse est considérée comme le
«meilleur ami» de son mari.
Certaines personnes émettent des critiques hâtives et non fondées
quand elles reprochent au Bouddhisme d'être défavorable aux femmes.
Il est vrai que le Bouddha avait d'abord refusé d'admettre les femmes
dans l'ordre mais par la suite cédant aux instances de la mère
adoptive Pajapati Gotami, il fonda la communauté des Bhikkhunis qui
fut dirigée par les arahat Khema et Uppalavanna, comme la communauté
des Bhikkhus avait à la tête les arahat Sariputta et Moggallana.
de nombreuses autres femmes étaient appelées par le Bouddha
ses disciples pieux et distingués.
Un jour, voyant le Kosala mécontent à l'annonce de la naissance
de sa fille, le Bouddha dit : «Une fille, ô seigneur des hommes,
peut être un meilleur rejeton qu'un fils».
Un grand nombre de femmes se distinguèrent et acquirent leur émancipation
en suivant le dhamma et en entrant dans l'ordre. Dans cette nouvelle communauté,
reine, princesse, filles de familles nobles, veuves et mères affligées,
femmes malheureuses, courtisanes, toutes étaient placées sur
le même pied d'égalité, quelle que fût leur condition
sociale. Elles trouaient le réconfort et la paix dans cette atmosphère
de liberté dont étaient privée la majorité des
femmes qui, à cette époque, étaient cloîtrées
dans leurs foyers.
Le Bouddha interdisait le sacrifice des animaux et exhortait ses disciples
à dispenser leur amour universel metta à tous les êtres
vivants, même aux plus petites des créatures rampant sur le sol.
Les humains comme les animaux sont dotés d'une vie précieuse
que personne n'a le droit de détruire. Un Bouddhiste étend cet
amour universel à tous les êtres vivants, sans en exclure aucun.
C'est ce metta bouddhique qui s'efforce de renverser les barrières
qui séparent les hommes. Nous n'avons pas non plus le droit de repousser
ou mépriser les autres parce que leur croyance ou leur nationalité
est différente de la nôtre. Dans son Edit sur la Tolérance
basé sur le culla-vyuha sutta et le maha-vyuha sutta, le roi Asoka
dit : «seule la concorde est bonne; que tous veuillent bien écouter
les doctrines des autres».
L'enseignement du Bouddha n'est réservé à aucun pays
en particulier. Il est universel et non nationaliste, le nationalisme étant
aussi un système de castes mais aussi de forme différente et
fondé sur une base plus large. Le Bouddhisme est, si on peut l'appeler
ainsi, supra-nationaliste. Pour un bouddhiste, il n'y a ni proches ni éloignés,
ni ennemis ni étrangers, ni renégats ni intouchables, car l'amour
universel réalisé par la compréhension, établit
la fraternité des hommes. Un vrai bouddhiste est un citoyen du monde
qui considère la terre entière comme sa patrie et ses habitants
comme ses frères. Le Bouddhisme est unique par son caractère
tolérant, non agressif, rationnel, pratique, efficace et universel.
C'est un levier qui peut soulever le monde pour le délivrer de ses
souffrances.
Telles sont quelques-unes des caractéristiques essentielles du Bouddhisme.
Parmi les doctrines fondamentales on peut distinguer : le Kamma, la re-naissance,
anatta et nibbana.
LE KAMMA OU LA LOI DE CAUSALITE MORALE
Nous vivons dans un monde instable et mal équilibré
où nous percevons les inégalités et les différences
multiples qui existent entre les êtres humains. Nous voyons une personne
née dans le luxe, douée de belles qualités mentales,
morales et physiques; une autre née dans la pauvreté et le malheur.
Tel homme, pieux et vertueux, est traqué toute sa vie par les échecs,
la méchanceté et la misère alors que tel autre, corrompu
et sot, est favorisé par la chance et jouit d'une vie heureuse.
Pourquoi les uns sont-ils faibles et les autres puissants? Pour quelle raison
certains sont-ils arrachés des bras de leur mère après
avoir vécu seulement quelques étés? Pourquoi certains
meurent-ils dans la fleur de l'âge tandis que d'autres vivent jusqu'à
un âge très avancé? Pourquoi existe-t-il des malades et
des infirmes à côté des êtres sains et vigoureux?
Pourquoi y a-t-il des beaux et des laids, des riches et des pauvres, des heureux
et des misérables? Pourquoi les uns sont-ils intelligents et les autres
idiots, les uns saints et les autres criminels, les uns artistes, mathématiciens
ou musiciens dès leur berceau, les autres congénitalement aveugles,
sourd ou contrefaits? Pourquoi les uns sont-ils bénis et les autres
maudits dès leur naissance?
Ce sont des questions qui rendent perplexe toute personne qui réfléchit.
Y a-t-il une cause ou des causes à toutes les inégalités
ou cela est-il purement accidentel? Aucune personne raisonnable n'attribuera
cette différence, cette diversité, au hasard aveugle ou à
un simple accident. Si on croit que tout est le fait du hasard, on devrait
également croire que ce livre c'est écrit tout seul. Rien n'arrive
à l'homme qu'il ne mérite pour une raison ou pour une autre.
Ceci pourrait-il être le "fait" d'un créateur irresponsable?
Huxley écrit : "Si nous devons supposer que quelqu'un a intentionnellement
mis en branle ce merveilleux univers, il est parfaitement clair pour moi que
ce quelqu'un n'est pas plus bienveillant et juste, dans le sens exact des
mots, qu'il n'est malveillant et injuste".
Comme le dit Einstein : "Si cet Etre (Dieu) est omnipotent, alors tout
ce qui se produit est son œuvre, y compris les actions, les pensées,
les sentiments et les aspirations des hommes. Ceux-ci sont-ils donc responsables
de leurs actes et de leurs pensées devant cet Etre Tout-puissant ?
En distribuant châtiments et récompenses, il se jugerait lui-même
dans une certaine mesure. Comment ceci peut-il se concilier avec l'idée
de bonté et de vertu qu'on se fait de Lui" ?
"D'après les principes théologiques", dit Spencer
Lewis, "l'homme est créé arbitrairement et sans qu'il le
désire et au moment de sa création, il est béni ou maudit
pour l'éternité. Ainsi, l'homme est bon ou méchant, heureux
ou malheureux, noble ou dépravé, depuis le moment même
où il a été conçu physiquement jusqu'à
celui de son dernier souffle, sans qu'il soit tenu compte de ses désirs,
de ses espoirs, de ses ambitions, de ses efforts ou de ses prières
ferventes. Tel est le fatalisme théologique".
Pour Charles Bradlaugh, "L'existence du mal est une terrible pierre d'achoppement
pour le théiste. La souffrance, le malheur, le crime, la pauvreté
se trouvent confrontés au défenseur de la bonté éternelle,
et constituent des arguments irréfutables qui mettent en doute sa déclaration
selon laquelle Dieu est bonté, sagesse et toute-puissance".
Dans les paroles de Schopenhauer: "Celui qui se considère comme
venu du néant, doit aussi penser qu'il retournera au néant.
L'idée qu'une éternité s'est écoulée avant
qu'il ne fut et qu'une seconde éternité commence, pendant laquelle
il ne cessera d'exister, est inconcevable. Si la naissance est le commencement
absolu, La mort doit donc être la fin absolue; et la supposition que
l'homme est issu du néant conduit nécessairement à la
conclusion que la mort est sa fin absolue".
Commentant les souffrances humaines et Dieu, J.B. Haldane écrit : "Ou
la souffrance est indispensable au perfectionnement du caractère humain,
ou Dieu n'est pas tout-puissant. La première théorie est réfutée
par le fait que certaines personnes qui ont connu très peu d'épreuves
mais ont été favorisées par leur ascendance, leur milieu
et leur éducation, possèdent cependant de nobles caractères.
L'objection soulevée contre la deuxième théorie est que,
concernant la création de l'univers, seul le postulat d'un Dieu permet
de combler certaines lacunes de nos connaissances intellectuelles. Et un créateur
pouvait vraisemblablement créer tout ce qu'il voulait".
Lord Russel déclare : "On nous dit que le monde a été
créé par un Dieu à la fois bon et omnipotent. Avant de
créer le monde, il avait prévu les souffrances et les misères
que celui-ci contiendrait. Il est donc responsable de tout cela. Il est inutile
de dire que toute la souffrance du monde est due au péché...
Car, si Dieu connaissait à l'avance les péchés que l'homme
commettrait, il était évidemment responsable de toutes les conséquences
de ces péchés quand il avait décidé de créer
l'homme".
Dans "Désespoir", un poète écrit vers la fin
de sa vie, Lord Tennyson attaque hardiment Dieu qui dit : "Je fais la
paix et crée le mal".
"Quoi! Irais-je invoquer cet amour infini qui nous a si bien traités
?
Cruauté infinie plutôt, qui a créé l'enfer éternel,
A prévu notre destinée, nous a faits et condamnésd'avance
et agit comme elle l'entend".
Assurément, "La doctrine suivant laquelle tous les hommes sont
des pécheurs et portent en eux le péché d'Adam est un
défi à l'amour, à la miséricorde, à l'équité
et à la justice toute-puissante".
Certains écrivains de jadis affirmaient que Dieu a créé
l'homme à son image. Certains penseurs modernes déclarent au
contraire que c'est l'homme qui a créé Dieu à son image.
Avec les progrès de la civilisation, l'idée que l'homme se fait
de Dieu est aussi devenue de plus en plus affinée. Il est cependant
impossible de concevoir qu'un tel Dieu puisse exister dans ou hors de l'univers.
Cette diversité relèverait-elle de l'hérédité
et de l'influence du milieu - de l'inné et de l'acquis ? On doit admettre
que les phénomènes physico-chimique découverts par les
savants sont partiellement les instruments, mais ils ne sont pas seuls responsables
des distinctions subtiles et des grandes différences qui existent entre
les individus. S'il en est ainsi, nous ne pouvons pas comprendre pourquoi
deux jumeaux qui sont physiquement semblables, ayant hérité
des mêmes gènes et joui des mêmes privilèges d'éducation,
sont très souvent totalement différents par leur caractère,
leur moralité et leur intelligence. L'hérédité
joue un rôle important mais elle explique mieux les similitudes que
les différences. La cellule infinitésimale qui représente
la cinquantième partie d'un millimètre, héritée
de nos parents, n'entre en jeu que pour la formation physique de l'être
humain. Pour comprendre la diversité de mental, d'esprit et de moralité,
nous avons besoin de plus d'éclaircissements ou de faire intervenir
d'autres facteurs. La théorie de l'hérédité n'explique
pas pourquoi un criminel peut descendre d'une longue lignée d'ancêtres
honorables ni la présence d'un saint dans une famille corrompue ni
l'existence d'enfants prodiges, de génie et de grands maîtres
religieux.
Pour le Bouddhisme, cette diversité est due non seulement à
l'hérédité et à l'influence du milieu "nature
et culture" mais aussi à notre propre kamma, ou en d'autres termes,
à l'héritage de nos actions, passées et présentes.
Nous sommes responsables de nos actes, de notre bonheur ou de notre malheur,
nous créons notre enfer ou notre paradis, nous sommes les artisans
de destin. en résumé, nous sommes nous-mêmes notre kamma.
Un jour, un jeune homme nommé Subha questionna le Bouddha au sujet
des états bas et des états élevés des hommes.
"Car", dit-il "Nous trouvons ceux qui ont une vie longue et
ceux qui ont une vie courte, les vigoureux et les débiles, les beaux
et les laids, les puissants et les déshérités, les pauvres
et les riches, les vils et les nobles, les stupides et les intelligents".
Le Bouddha répondit brièvement: "Tous les êtres vivants
possèdent leur propre kamma; il est leur héritage, leur cause
congénitale, leur parenté, leur refuge. C'est le kamma qui différencie
les êtres dans leurs états bas ou élevés".
Il explique ensuite la cause de ces différences et leur relation avec
la loi de causalité morale.
Ainsi, selon le Bouddhisme, nos différences mentales, morales, intellectuelles
et de tempérament sont dues principalement à nos propres actions
et tendances, passées et présentes. kamma signifie littéralement
action; dans son sens ultime, il signifie volitions, morales ou immorales,
kusala akusala cetana. Les volitions bonnes ou mauvaises constituant le kamma,
le bien engendre le bien, le mal engendre le mal. Ou, comme préfèrent
le dire certains penseurs occidentaux, le kamma est "action-influence".
Le kamma est la loi de causalité morale, ou loi de la cause et de l'effet
sur le plan éthique. kamma est l'action (la cause) et vipaka est le
fruit ou réaction (l'effet).
Pour mieux comprendre la loi du kamma, prenons l'exemple du manguier : le
kamma (la cause) peut être comparé au noyau de la mangue. La
mangue, fruit de l'arbre né de ce noyau, est vipaka (l'effet). Les
feuilles et les fleurs... correspondent aux différences externes telles
que santé, richesse, maladie, pauvreté etc... et sont les conséquences
concomitantes inévitables. De même qu'une graine semée
en sol fertile, germe et fructifie tôt ou tard suivant sa propre nature,
de même le kamma produit son juste effet, maintenant ou plus tard.
Nous récoltons maintenant ce que nous avons semé dans le présent
ou dans le passé; nous semons maintenant ce que nous récolterons,
soit dans cette vie, soit dans la vie suivante, soit dans une existence ultérieure.
Dans un sens, nous sommes le résultat de ce que nous étions
et serons le résultat de ce que nous sommes. Dans un autre sens, nous
ne sommes pas totalement le résultat de ce que nous étions et
ne serons pas absolument le résultat de ce que nous sommes. Par exemple,
celui qui était hier un criminel peut devenir aujourd'hui un saint
et celui qui est un saint maintenant peut se transformer et devenir un misérable
pécheur.
Le Bouddhisme attribue cette diversité au kamma mais n'affirme pas
que tout lui est dû. Si tout était dû au kamma, un homme
ayant un mauvais kamma serait condamné à être toujours
mauvais, et une personne ayant un bon kamma n'aurait pas besoin de consulter
un médecin car chaque fois qu'elle tombe malade, elle recouvrerait
sûrement la santé grâce à son bon kamma.
Selon le Bouddhisme, il y a 5 ordres ou processus niyamas qui prévalent
sur les plans physique et mentale. Ce sont :
1.-utu niyama, ordre physique inorganique: les phénomènes saisonniers
des vents et des pluies, le changement des saisons etc...
2.-bija niyama, ordre physique organique des germes et des graines: le riz
produit par la graine, la saveur sucrée provenant de la canne à
sucre ou du miel etc... La théorie scientifique des cellules et des
gènes et la similitude de traits des jumeaux peuvent être attribuées
à cet ordre.
3.-kamma niyama, ordre de l'action et du résultat: les actes désirables
ou indésirables produisent de bons et de mauvais résultats.
4.-dhamma niyama, ordre de la norme: les phénomènes ayant lieu
lors de la dernière naissance d'un Bodhisatta, la gravitation et autres
lois similaires de la nature etc...
5.-citta niyama, ordre de l'esprit ou loi psychique : le processus de la conscience,
le pouvoir de l'esprit etc... Tous les phénomènes psychiques
peuvent être classés dans cet ordre.
Tout phénomène psychique, mental ou éthique peut être
expliqué par ces 5 ordres qui sont eux-mêmes des lois universelles.
Le kamma est donc l'une des 5 lois qui, ainsi que toute loi naturelle, ne
nécessite pas un créateur de la loi mais opère par elle-même
dans son propre champ, sans intervention de quelque agent dirigeant externe
ou indépendant.
Personne par exemple n'a commandé au feu de brûler ou à
l'eau de rechercher l'équilibre de son niveau. Aucun savant n'a décidé
que l'eau doit se compenser H2O et que le froid doit être l'une de ses
propriétés.
Le kamma n'est ni le destin ni la prédestination imposés par
un pouvoir inconnu et mystérieux auquel nous devons nous soumettre
aveuglément. C'est notre façon d'agir qui réagit sur
nous-mêmes. C'est pourquoi nous avons la possibilité de modifier
largement le cours de notre kamma.
Il faut rappeler que l'action du kamma n'est pas liée à l'idée
de récompense ou de châtiment, puisque le Bouddhisme nie l'existence
d'un Souverain Pouvoir qui gouverne ses sujets et les récompense ou
les punit suivant leurs mérites. Nous bouddhistes, croyons fermement
que nos joies et nos peines sont les conséquences naturelles et inéluctables
de nos actions. La potentialité de produire son effet attendu est inhérente
dans le kamma qui est un principe actif, constant et invariable. La cause
produisant l'effet et l'effet expliquant la cause, la graine produit le fruit
et le fruit explique l'origine de la graine. Il y a inter-relation entre la
graine et le fruit comme il y a inter-relation entre le kamma et son effet,
car "l'effet germe déjà dans la cause".
"Ni dans le ciel, ni dans les profondeurs de l'Océan, ni dans
une caverne de montagne, n'existe un endroit où l'homme puisse se réfugier
pour échapper aux conséquences de ses mauvaises actions".(dhammapada)
Chacun est-il forcé de récolter tout ce qu'il a semé
en égale proportion ? Pas nécessairement. Dans le a?guttara
nikaya le Bouddha répondit ainsi : "Si quelqu'un dit qu'un homme
doit récolter suivant ses actions, dans ce cas il n'y aura pas de vie
sainte ni de possibilité offerte pour l'extinction entière de
la souffrance. Mais si l'on dit que ce qu'un homme récolte est en rapport
avec ses actions, dans ce cas il y aura une vie sainte et une possibilité
est offerte pour l'extinction entière de la souffrance".
Nous ne sommes ni le maître ni le serviteur de notre kamma. Même
un homme très pervers peut, par son propre effort, devenir une personne
vertueuse. Nous sommes toujours en train de devenir et ce devenir dépend
de nos propres actions. Nous pouvons à tout moment changer pour le
meilleur ou pour le pire. Même le plus coupable ne doit pas être
découragé ou condamné en raison de sa mauvaise nature;
il doit être plaint, car nous qui le méprisons maintenant, nous
avons été probablement dans une situation semblable à
certains stades de nos existences. Ainsi que nous avons pu nous améliorer,
lui aussi se transformera et peut-être plus rapidement que nous. Qui
peut dire quel bon kamma se trouve en réserve en chacun de nous ?
C'est cette doctrine du kamma qui donne le réconfort, l'espoir, le
sens de la responsabilité et le courage moral à un bouddhiste.
Quand l'imprévu arrive, quand il est confronté aux difficultés,
aux échecs et aux épreuves, il sait qu'il est en train de recueillir
les fruits de ses actions passées. Au lieu de céder au fatalisme
et à l'inaction, il arrache les mauvaises herbes et sème les
bonnes semences à leur place, car le futur est entre ses mains.
Un bouddhiste, convaincu de la loi du kamma, ne prie personne pour être
sauvé mais se repose sur lui-même pour sa Libération.
Au lieu d'invoquer un agent surnaturel, il se reposera sur le pouvoir de sa
volonté et s'efforcera toujours de travailler pour le bien de tous.
Cette croyance dans le kamma stimule ses efforts et ranime son enthousiasme,
le rend toujours généreux, tolérant et attentif, l'encourage
à faire le bien et à s'abstenir de ce qui est mauvais, sans
craindre le châtiment et sans espérer de récompense. C'est
aussi cette doctrine du kamma qui apporte une explication au problème
de la souffrance, au mystère de ce que les autres religions appellent
destin ou prédestination et surtout à cause des inégalités
dans la condition humaine.
D'où venons-nous ? Où allons-nous ? Quand partons-nous ? Nous
ne le savons pas. La seule chose dont nous soyons sûrs, c'est que nous
devons partir.
Nos biens les plus précieux, nos parents, nos amis, ne nous suivront
pas, non plus que ce corps que nous appelons nôtre. Des éléments
ils sont venus, aux éléments ils retourneront. Renommée
vide et vaine gloire s'évanouissent dans l'air subtil.
Solitaires, nous errons dans cet Océan du sa?sara, secoués par
les tempêtes, ballottés de-ci et de-là par notre propre
kamma, apparaissant ici comme un animal ou comme un homme, ailleurs peut-être
comme un dieu ou comme Brahma.
Nous nous rencontrons et nous nous quittons, nous nous rencontrons de nouveau
sans le savoir. Il est bien rare que ceux que nous rencontrons dans notre
course errante, n'aient été à un moment ou un autre,
une mère, un père, une sœur, un frère, un enfant.
"Si un homme", a dit le Bouddha, "coupait toutes les herbes,
les tiges, les branches et brindilles existant en Inde, et qu'il en fasse
un monceau, en les disposant en tas de quatre pouces, et s'il disait pour
chaque tas : "Voici ma mère, voici la mère de ma mère",
toutes les herbes, les tiges, les branches et les brindilles existant en Inde
seraient épuisées avant qu'il ait dénombré toutes
les mères de sa mère".Ainsi, sommes-nous étroitement
unis durant notre voyage dans le samsara.
Les vies innombrables que nous avons vécues et les souffrance infinies
que nous avons endurées dans le passé, sont telles que le Bouddha
a déclaré :
"Si tous les ossements d'une seule personne cheminant dans le sa?sara
étaient réunis et conservés, tous ces ossements entassés
formeraient un monticule aussi élevé que le Mont Vepulla.
"Longtemps, vous avez souffert de la mort de votre père et de
votre mère, de vos enfants, de vos frères et de vos sœurs;
endurant ces souffrances, vous avez versé vos larmes tout au long de
ce chemin sans fin, et ces larmes sont plus abondantes que toute l'eau des
quatre océans.
"Longtemps, votre sang a coulé quand vous étiez un bœuf,
un buffle, un mouton, une chèvre... et que le boucher vous coupait
la tête.
"Longtemps, vous avez été condamnés comme assassin,
bandits de grands chemins, adultères, et de vos corps décapités,
le sang répandu sur ce chemin sans fin, est plus abondant que toute
l'eau des quatre océans.
"Longtemps, vous avez ainsi supporté les souffrances, supporté
les tourments, supporté le malheur et rempli les tombes des cimetières,
assez longtemps certainement pour être dégoûtés
de toutes les formes d'existence, assez longtemps pour vous en détourner
et vous en libérer à tout jamais".
Le kamma est la loi de causalité morale, la re-naissance
est son corollaire. Le kamma et la re-naissance sont inter-reliés et
tous deux sont des doctrines fondamentales du Bouddhisme.
Aussi longtemps que la force kammique persiste, la re-naissance se poursuit,
car ce qu'on appelle un "être" n'est que la manifestation
temporaire visible de l'énergie invisible du Kamma. C'est ce Kamma,
constitué par nos pensées, nos paroles et nos actions, qui accompagne
le courant de vie individuel comme l'ombre qui ne se sépare jamais
de l'objet. Tant qu'il y a accumulation du Kamma, la vie s'écoule ad
infinitum. La mort n'est pas l'annihilation complète d'un être,
elle est simplement la fin temporaire d'un phénomène physique
temporaire. Bien que la vie organique ait cessé, la force qui jusqu'ici
l'a propulsée, n'est pas détruite.
De même qu'une lumière électrique est la manifestation
extérieure visible de l'énergie électrique invisible,
de même, nous sommes la manifestation extérieure de l'énergie
kammique invisible. L'ampoule électrique peut se casser et lumière
peut être éteinte, mais le courant persiste et la lumière
peut reparaître dans une nouvelle ampoule.
De la même manière que la force kammique n'est absolument pas
troublée par la désintégration du véhicule physique,
la disparition de la conscience du passé est l'occasion de la naissance
d'une nouvelle conscience dans la vie suivante. Mais rien d'immuable ni de
permanent ne se transmet du passé au présent.
Le kamma qui a sa racine dans l'Ignorance et le Désir Egoïste,
est la cause de la re-naissance. Le kamma passé a conditionné
l'existence actuelle et le kamma présent combiné avec le kamma
passé, conditionne l'existence future. Le présent est le fruit
du passé et devient à son tour le parent du futur.
Si nous admettons qu'il y a une vie passée, présente et future,
nous nous trouvons devant le soi-disant mystérieux problème:
"Quelle est l'origine de la vie ?"
Y-a-t-il eu un commencement ou non? En tentant de résoudre cette question,
une école admet une cause première, c'est-à-dire Dieu,
considéré comme un Etre Tout-Puissant ou une force. Une autre
école nie une cause première, car l'expérience prouve
que la cause devient toujours l'effet et que d'autre part, l'effet devient
la cause. Dans un cycle continu de cause et d'effet, une cause première
est inconcevable. La première école affirme que la vie a eu
un commencement alors que la deuxième école nie ce commencement.
Selon la science, nous sommes les produits directs de la fusion des cellules
spermatique et ovulaire de nos parents. Ainsi, toute vie provient d'une autre
vie. Quand à l'origine du premier protoplasme de la vie, les savants
ne sont pas en mesure de nous la faire connaître.
Selon le Bouddhisme, nous sommes nés de la matrice de l'action kammayoni
- la cause du devenir - nos parents ne nous fournissant qu'une cellule infiniment
petite. Ainsi, tout être précède un autre être.
C'est le kamma qui conditionne la conscience initiale au moment de la conception,
introduisant ainsi la vie dans la fœtus. Cette énergie kammique
invisible, déterminée par l'existence précédente,
produit les phénomènes mentaux et le phénomène
de la vie dans un réceptacle physique déjà existant.
La combinaison de ces trois facteurs constitue l'homme.
Pour qu'un être naisse ici, il faut qu'un être meure quelque part.
La naissance d'un être, ou dans un sens strict, l'apparition des cinq
agrégats ou des phénomènes psycho-physiques dans cette
vie présente, signifie la mort d'un être dans une vie précédente;
tout comme, en termes conventionnels, le lever du soleil dans un endroit signifie
le coucher du soleil dans un autre endroit. On comprendra mieux cette déclaration
énigmatique si on se représente la vie comme une vague, non
comme une ligne droite. Naissance et mort ne sont que deux phases d'un même
processus. La naissance précède la mort , mais d'autre part,
la mort précède la naissance. Cette succession constante de
vie et de mort, en corrélation avec chaque courant de vie individuel,
constitue ce qu'en terme technique on nomme samsara ou cycle des re-naissances.
Quelle est l'origine de la vie? Le Bouddha a dit: "Sans fin concevable
est ce samsara. L'origine première des êtres qui, aveuglés
par l'ignorance et enchaînés par le désir égoïste,
errent et passent sans fin, ne peut être déterminée".
Ce courant vital continuera toujours de couler, tant qu'il sera agreynté
par les eaux impures de l'ignorance et du désir égoïste.
Il ne cessera de couler que lorsque ces deux sources seront complètement
taries. Alors, la re-naissance prendra fin, comme dans le cas des Bouddhas
et des arahat, puisqu'ils ont détruit toutes les impuretés et
que pour eux "les semences des germes sont détruites, les racines
du kamma ont été extirpées" (ratana sutta).
L'origine première de ce courant vital ne peut être déterminée,
car il ne peut être trouvé aucun commencement à ces deux
sources-causes, l'ignorance et le désir égoïste.
Le Bouddha a mentionné uniquement la cause première du courant
vital des êtres vivants. Il appartient aux savants de spéculer
sur l'origine et l'évolution de l'univers. Le Bouddhisme n'a pas la
prétention de résoudre tous les problèmes éthiques
et philosophiques qui intéressent l'humanité, il ne s'occupe
ni de théories ni de spéculations vaines qui ne soient pas constructives
et ne mènent pas à la Vérité. Il ne demande pas
non plus à ses adeptes une croyance aveugle en un dogme concernant
la cause première. Il a un but spécifique et pratique : la cessation
de la souffrance. Et n'ayant que ce but essentiel en vue, il veut ignorer
tous les à-côtés qui lui seraient étrangers.
Quelle raison avons-nous de croire qu'il existe une vie antérieure?
Le témoignage le plus valable que les bouddhistes citent en faveur
de la re-naissance est celui du Bouddha qui avait acquis une connaissance
lui permettant de percevoir les existences passées et futures. Il déclarait
: "Dans une vision clairvoyante, purifiée, supranormale, je voyais
les êtres disparaître d'un certain état et renaître
dans un autre. Je distinguais les vils et les nobles, les beaux et les laids,
les heureux et les misérables, tous cheminant selon leurs actions".
Grâce à son enseignement, ses disciples purent acquérir
cette faculté et furent capables, à un haut degré, de
déchiffrer leurs vies passées.
Même avant l'époque du Bouddha, certains Rishis de l'Inde étaient
aussi réputés pour leur pouvoir de clairvoyance, de clairaudience,
de lecture de pensées, de souvenir des existences passées.
Il y a également des gens qui, probablement à cause des liens
du passé, se rappellent leurs vies antérieures d'une manière
subite et inexplicable. Mise en état d'hypnose, certaines personnes
racontent des épisodes de leurs existences passées; d'autres
déchiffrent les vies passées des autres et guérissent
même des malades.
Parfois, nous voyons des cas étranges qui ne peuvent être expliqués
que par la re-naissance. Souvent, nous faisons la connaissance de personnes
que nous n'avons jamais rencontrées, et pourtant, nous avons le sentiment
qu'elles nous sont tout à fait familières. Souvent aussi, nous
visitons des lieux où nous ne sommes jamais allés, et pourtant,
nous avons l'impression de les connaître parfaitement, ainsi que leurs
environs.
Le Bouddha disait : "A cause des liens du passé et des intérêts
présents, ce vieil amour renaît, comme le lotus dans l'eau".
Les expériences des psychologues modernes dignes de confiance, les
phénomènes de possession, les communications avec les esprits,
les observations étranges de personnalités multiples et alternantes
qui ont été faites, jettent une certaine lumière sur
ce problème de la re-naissance.
Dans ce monde naissent des êtres parfaits comme les Bouddhas ainsi que
les personnages d'une haute spiritualité. Leur évolution s'est-elle
faite soudainement ? Un tel degré d'élévation peut-il
se faire dans une seule existence ?
Comment pouvons-nous expliquer l'apparition de personnages exceptionnels comme
Confucius, Panini, Bouddhaghosa, Homère et Platon, de génies
comme Shakespeare, Dante et Beethoven, d'enfants prodiges comme Ramanujan,
Mozart, Pascal et Raphaël ? L'hérédité seule ne
peut expliquer ces dons extraordinaires. "autrement, on les aurait décelés
chez leurs ancêtres et leurs descendants les auraient développés
en étant encore plus remarquables qu'eux". Auraient-ils pu atteindre
des sommets si subgreys s'ils n'avaient déjà vécu de
nobles vies et acquis leur expérience dans le passé? Est-ce
le hasard qui les a fait naître de leurs parents et les a placés
dans des circonstances si favorables ?
La théorie de l'hérédité doit être complétée
par la doctrine du kamma si on veut avoir une solution acceptable de ces problèmes
embarrassants.
Est-il raisonnable de penser que ce court laps de temps actuel soit notre
seule existence entre deux éternités de bonheur ou de misère
? Les quelques années que nous avons le privilège de passer
ici-bas, une centaine au maximum, sont une préparation bien insuffisante
à l'éternité.
Si l'on croit à la vie présente et à la vie future, il
est logique de croire à la vie passée. S'il y a des raisons
de penser que nous avons existé dans une vie passée, il n'y
a pas de raison de douter que nous continuerons d'exister dans une vie future,
après que notre vie présente aura apparemment cessé.
C'est aussi un argument puissant en faveur des vies passées et futures
que "en ce monde, les personnes vertueuses sont très souvent malheureuses
tandis que les méchants prospèrent".
Nous sommes donc nés dans un état qui a été créé
par nous-mêmes. Si, malgré nos vertus, nous avons une vie malheureuse,
cela est dû à notre mauvais Kamma. Si, en dépit de notre
méchanceté, nous avons une vie heureuse, cela est également
dû à notre bon kamma passé. Nos actions présentes
auront à leur tour, toutes les conséquences à la première
occasion possible. A tout moment, nous avons la possibilité de créer
un nouvel environnement et de modeler un nouveau kamma qui tend soit à
notre progrès, soit à notre perte, dans notre course vagabonde
dans le samsara.
Comme le dit un penseur occidental: "Que nous croyions ou non à
des existences antérieures, c'est pourtant la seule hypothèse
raisonnable qui permettre de combler certaines lacunes du savoir humain concernant
des faits de la vie de tous les jours. Notre raison nous dit que cette hypothèse
de la re-naissance et du kamma peut seule expliquer les différences
qui existent entre les jumeaux; le fait que les hommes comme Shakespeare,
n'ayant qu'une expérience très limitée, soient capable
de dépeindre avec une merveilleuse exactitude les types les plus divers
du caractère humain et de décrire des scènes dont ils
n'ont pu avoir aucune connaissance réelle; expliquer pourquoi l'oeuvre
de l'homme de génie transcende toujours son expérience. Elle
peut aussi nous donner une explication valable de l'existence d'enfants prodiges,
de la grande diversité d'esprit et de moralité, de mental et
de physique dans des conditions, des circonstances et des milieux observés
partout dans le monde".
Il faut dire qu'on ne peut ni démontrer ni réfuter cette doctrine
de la re-naissance par l'expérience, mais qu'on l'accepte comme un
fait vérifiable.
Ce qui produit le kamma est l'ignorance des Quatre Nobles Vérités
- avijja - cause de la naissance et de la mort. La connaissance - vijja -
est leur cessation. Cette méthode analytique est exposée dans
le paticca samuppada.
paticca signifie "à cause de" ou "dépendant
de".
samuppada signifie "naissance" ou "origine".
paticca samuppada signifie donc "naissance dépendante ou subordonnée"
ou "origine dépendante ou subordonnée".
paticca samuppada est simplement un discours sur le sa?sara ou sur le processus
de la naissance et de la mort, et non une théorie de l'évolution
du monde depuis la matière primordiale. Il traite de la cause de la
re-naissance et de la souffrance mais n'entreprend absolument pas de montrer
l'origine absolue de la vie.
L'ignorance (avijja) est le premier chaînon ou cause de la Roue de la
vie. Elle obscurcit toute compréhension juste :
De cette Ignorance des Quatre Nobles Vérités naissent les Activités
Volitives (sa?khara) morales ou immorales. Ces Activités qui sont enracinées
dans l'Ignorance, portent nécessairement en elles leurs effets propres
et tendent à prolonger l'errance continuelle dans le sa?sara. Cependant,
les bonnes actions sont essentielles pour se débarrasser des malheurs
de cet Océan des existences.
Des Activités Volitives naît la conscience de Re-naissance (viñña?a)
qui relie le passé du présent.
Simultanément, à l'éveil de cette Conscience de Re-naissance
naissent l'Esprit et la Matière (nama-rupa) ou le Mental et le Corporel.
Les Six Sens (sa?ayatana) sont la conséquence inévitable de
l'Esprit et de la Matière.
Des Six Sens naît le Contact (phassa).
Le contact détermine la Sensation (vedana).
La conscience de Re-naissance, l'Esprit et la Matière, les Six Sens,
le Contact et la Sensation sont les effets des actions passées et sont
appelés le côté passif de la vie.
Des Sensations naît le Désir égoïste (tanha).
Du Désir naît l'Attachement (upadana).
L'Attachement cause le kamma (bhava),
qui, à son tour, conditionne la future Naissance (jati).
La Vieillesse et la Mort (jaramara?a) sont le résultat inévitable
de la Naissance.
Si, en conséquence d'une cause, un effet se produit, si la cause cesse,
l'effet aussi doit cesser.
La préparation du pa?icca samuppada dans l'ordre inverse rendra l'exposé
plus clair :
La vieillesse et la mort sont seulement possibles dans et avec un organisme
physico-chimique, c'est-à-dire une machine à 6 sens. Un tel
organisme doit être né et présuppose donc une naissance
qui est le résultat inévitable des actions passées ou
Kamma. Le kamma lui-même est conditionné par l'attachement qui
est dû au désir égoïste. Le désir ne peut
se produire que s'il y a sensation et la sensation est le résultat
du contact entre les sens et leur objet. Le contact présuppose des
organes des sens qui ne peuvent exister sans l'esprit et la matière.
Là où il y a un esprit, il y a une conscience de re-naissance
qui est le résultat de nos activités passées, elles-mêmes
dues à l'ignorance de la vraie nature des choses.
La formule entière peut être résumée ainsi :
De l'Ignorance naissent les Activités Volitives morales ou immorales.
Des Activités Volitives naît la conscience de Re-naissance.
De la Conscience de Re-naissance naissent l'Esprit et la Matière.
De l'Esprit et de la Matière naissent les Six Sphères des sens.
Des Six Sphères des sens naît le Contact.
Du Contact naît la Sensation.
De la Sensation naît le Désir égoïste.
Du Désir égoïste naît l'Attachement.
De l'Attachement naissent les Actions (kammabhava).
Des Actions provient la Naissance.
De la Naissance proviennent la Décrépitude, la Mort, la Souffrance,
les Lamentations, la Douleur, le Chagrin et le Désespoir.
Ainsi naît toute la masse de la souffrance du monde. Les 2 premiers
chaînons appartiennent au passé, les 8 médians au présent
et les 2 derniers à l'avenir.
Si nous cherchons maintenant la voie qui conduit à l'extinction de
la souffrance, nous pouvons dire :
La Cessation de l'Ignorance conduit à la Cessation des Activités.
La cessation des Activités conduit à la cessation de la conscience
de Re-naissance
La cessation de la Conscience de Re-naissance conduit à la cessation
de l'Esprit et de la Matière.
La cessation de l'Esprit et de la Matière conduit à la cessation
des Six Sphères des sens.
La cessation des Six Sphères des sens conduit à la cessation
du Contact.
La cessation du Contact conduit à la cessation de la Sensation.
La cessation de la Sensation conduit à la cessation du Désir
égoïste.
La cessation du Désir égoïste conduit à la cessation
de l'Attachement.
La cessation de l'Attachement conduit à la cessation des Actions.
La cessation des Actions conduit à la cessation de la Naissance.
La cessation de la Naissance conduit à la cessation de la Décrépitude,
de la Mort, de la Souffrance, des Lamentations, de la Douleur, du Chagrin
et du Désespoir.
Ainsi s'éteint toute la masse des souffrances du monde.
Ce processus de causes et d'effets continue ad infinitum. Le début
de ce processus est impossible à déterminer, car nous ne savons
pas quand le flux de vie fut embrassé par l'ignorance. Mais quand cette
ignorance est changée en Connaissance Parfaite (ou Sagesse) et le flux
de vie est recréé en nibbana-dhatu, alors le cycle de re-naissance,
du sa?sara s'arrête.
La doctrine bouddhique de la re-naissance doit être distinguée
de la théorie de la réincarnation qui implique la transmigration
d'une âme dans une nouvelle enveloppe physique, car le Bouddhisme n'admet
pas l'existence d'une âme immuable et éternelle créée
par un Dieu ou émanant d'une Essence Divine (paramatma).
Si l'âme, qui est supposée être l'essence de l'homme, est
immortelle, il ne peut exister ni élévation ni abaissement.
Dans ce cas, il est difficile de comprendre pourquoi les âmes sont si
différentes dès l'origine.
Pour prouver qu'il y a une félicité sans fin dans un paradis
éternel et des tourments sans fin dans un enfer éternel, une
âme immortelle est absolument indispensable. Si non, qui est puni en
enfer ou récompensé au paradis ?
"Il faut dire", écrit B.Russel, "que la distinction
faite entre l'âme et le corps s'est bien réduite, parce que la
matière a perdu de son unicité comme l'esprit a perdu de sa
spiritualité. La psychologie commence seulement à devenir scientifique.
Et au stade où se trouve actuellement la psychologie, la croyance en
l'immortalité ne peut en aucun cas revendiquer l'appui de la science".
Les bouddhistes sont du même avis que Russel quand il dit : "En
effet, il y a une raison de croire que je suis la même personne que
celle que j'étais hier, et pour prendre un exemple encore plus frappant,
si en même temps je vois un homme et que je l'entends parler, il est
juste de dire que le "moi" qui voit est le même que le "moi"
qui entend".
Il n'y a pas si longtemps encore, les savants croyaient que l'atome était
indivisible et indestructible. "Les physiciens ont trouvé de bonnes
raisons pour réduire cet atome en une série de forces. Pour
d'autres raisons aussi bonnes, les psychologues trouvent que l'esprit n'est
pas une chose unique et continue, mais qu'il est constitué par une
succession d'énergies étroitement reliées les unes aux
autres. La question de l'immortalité est donc devenue la question de
savoir s'il y aussi inter-relation entre les énergies d'un corps vivant
et les énergies qui apparaissent, après que ce corps aura cessé
de vivre".
Dans "Le sens de la vie", C.E.M. Joad dit : "Nous avons vu
la matière se désintégrer sous nos propre yeux. elle
n'est plus compacte, elle n'est plus durable, elle n'est plus déterminée,
par les lois causales impérieuses, et ce qui est plus important que
tout, elle ne nous est plus connue. Ces soi-disant atomes sont eux-mêmes
divisibles. Les électrons et les protons qui composent les atomes peuvent
s'unir et s'annihiler mutuellement, tandis que leur persistance, si on peut
l'appeler ainsi, est plutôt celle d'une vague sans limites fixes et
changeant continuellement de forme et de position, que celle d'un objet défini".
L'évêque Berkley qui a démontré que ce soi-disant
atome est une fiction métaphysique, affirmait qu'il existe une substance
spirituelle appelée âme.
Hune, par une étude de la conscience, découvrit qu'il n'y avait
là rien d'autre que des états mentaux passagers et conclut en
disant que le "permanent égo" supposé n'existait pas.
"Certains philosophes", dit-il, "s'imaginent qu'à chaque
instant nous sommes conscients de ce que nous appelons notre "moi",
que nous sentons son existence et sa continuité dans l'existence, et
que nous sommes certains, à la fois de sa parfaite continuité
et de son unicité. Quand à moi, lorsque j'entre d'une façon
plus intime dans ce que j'appelle mon "moi", je trébuche
toujours sur une perception ou une autre, perception de chaleur ou de froid,
de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de souffrance ou de plaisir.
Je ne me rejoins jamais. je ne puis jamais observer autre chose que des perceptions
et je ne conçois pas ce qu'il faudrait de plus pour faire de moi une
parfaite non-entité".
Bergon dit : "Toute conscience a son existence dans le temps et un état
de conscience n'est pas un état qui dure sans changement. Il est un
perpétuel changement; quand le changement cesse, il cesse; il n'est
lui-même rien d'autre que le changement".
Watson, psychologue bien connu, déclare: "Personne n'a jamais
touché une âme ou n'en a vu une dans une éprouvette ou
n'a été en contact avec elle comme avec des objets usuels. Cependant,
celui qui doute de l'existence de l'âme est un hérétique;
et il fut un temps où ce doute pouvait lui coûter la vie. Même
aujourd'hui, un homme occupant une certaine position n'oserait pas discuter
de cette question".
Le professeur James, en traitant de cette question de l'âme, dit : "La
théorie de l'âme est complètement superflus, comme on
peut le voir d'après les faits dûment vérifiés
de l'expérimentation de la conscience. Personne n'est obligé
d'y souscrire pour des raisons scientifiques définies". En conclusion
de son intéressant chapitre sur l'âme, il dit : "Et dans
ce livre, la solution provisoire à laquelle nous sommes parvenus, doit
être le mot final : les pensées sont elles-mêmes les penseurs".
Le Bouddha avait déjà proposé ces explications il y a
plus de 2500 ans.
Selon le Bouddhisme, ce qu'on appelle un "être" est composé
d'esprit et de matière (nama-rupa). La matière est simplement
la manifestation de forces et de qualités qui sont dans un état
de mouvement constant. L'esprit n'est également qu'un assemblage complexe
d'états mentaux fugitifs. Chaque unité de conscience se compose
de trois phases : phase génétique ou apparition (uppada), phase
statique ou évolution (?hiti), phase de cessation ou dissolution (bha?ga).
Immédiatement après la cessation d'un moment-pensée,
survient l'apparition du moment-pensée suivant. De même que la
roue ne repose sur le sol que par un seul point, de même l'être
ne vit que pendant un seul moment-pensée. Il est toujours dans le présent,
et cependant il est en train de glisser dans le passé irrévocable.
Chaque moment de conscience de ce processus vital en perpétuelle évolution,
en disparaissant, abandonne à son successeur toute son énergie
et toutes ses impressions indélébilement marquées. Chacun
des moments de conscience successifs se compose donc des potentialités
de ses prédécesseurs et de quelque chose de plus.
Il y a ainsi un courant de conscience continu, semblable à un flux
ininterrompu. La pensée qui suit n'est pas tout à fait la même
que celle qui précède, puisque sa composition n'est pas identique,
ni pourtant entièrement différente, puisqu'elle est la même
continuité de l'énergie Kammique. Ici, il n'y a pas de similitude
mais un processus identique.
A chaque moment il y a naissance, à chaque moment il y a mort. L'apparition
d'un moment-pensée entraîne la disparition d'un autre moment-pensée
et vice versa. Au cours d'une vie, il y a re-naissance momentanée mais
pas d'âme.
Il ne faut pas se méprendre en pensant que la conscience est coupée
en morceaux joints les uns aux autres, comme dans un train ou une chaîne.
Au contraire, "elle s'écoule sans cesse comme une rivière
recevant de ses ruisseaux tributaires de perception, un accroissement constant
de flux, et dispensant continuellement au monde extérieur, la matière-pensée
qu'elle est accumulées". La naissance est la source et la est
son embouchure. La rapidité de ce courant est telle qu'il n'existe
guère de mesure adéquate pour la mesurer, même approximativement.
Néanmoins, des commentateurs aiment à dire que la durée
d'un moment-pensée est moindre que la billionième partie d'un
éclair.
Nous trouvons ici une juxtaposition d'états mentaux passagers de conscience,
en opposition à une superposition d'états analogues, comme certaines
personnes semblent le croire. Aucun état de conscience, une fois disparu,
ne revient et n'est absolument semblable à ce qu'il était auparavant.
Ces états continuellement et ne demeurent jamais identiques pendant
deux moments consécutifs. Mais nous qui vivons dans le monde et dont
la compréhension est obscurcie par le voile de l'illusion, nous prenons
à tort cette continuité apparente pour quelque chose d'éternel,
et étendons cette idée jusqu'à mettre dans cette conscience
toujours changeante, une âme immuable, un atta, un "moi" supposé
qui est à la fois acteur et récepteur de toutes les actions.
"Ce qu'on appelle "être" est semblable à un éclair
constitué par une succession d'étincelles qui se suivent avec
une telle rapidité que la rétine humaine est incapable de les
percevoir séparément; de ce fait, les gens ignorants ne peuvent
arriver à concevoir qu'elles sont une série d'étincelles
séparées".
De la même manière, il n'existe aucune âme permanente résidant
dans ce qu'il est convenu d'appeler un "être" qui en réalité,
qu'une simple combinaison de cinq agrégats.
Nous voyons dans l'océan une vaste étendue d'eau, mais les eaux
de cet océan sont composées de gouttes innombrables. La plage
est constituée par un nombre infini de particules de sable, mais elle
apparaît comme une longue bande unie. Les vagues se soulèvent
et se brisent sur le rivage, mais pas une seule vague, née de la haute
mer, ne vient perdre son identité sur le rivage.
On ne peut pas dire que le parfum d'une fleur se trouve sur les pétales
ou dans le pistil ou dans la couleur, car le parfum est dans toute la fleur.
De la même façon, un individu déterminé est la
combinaison de ces cinq agrégats.
Le Bouddhisme ne nie pas totalement l'existence d'une personnalité
dans un sens empirique, il veut seulement montrer qu'elle n'existe pas en
réalité. Le terme philosophique bouddhique pour désigner
un individu est santati - un flux ou une continuité de phénomènes
psycho-physiques, qui est conditionné par le Kamma, n'est pas limité
uniquement à la vie présente. Ayant sa source dans le passé
sans commencement et sa continuation dans le futur sans fin, il est le substitut
bouddhique du "soi" permanent ou de l'âme immortelle des autres
religions.
Cette doctrine du non-soi, de la non-âme (anatta) est l'une des caractéristiques
essentielles du Bouddhisme.
Comment la re-naissance est-elle possible sans qu'il existe une âme
à renaître? A vrai dire, rien ne renaît. Quand la vie cesse,
l'énergie Kammique se re-matérialise dans une nouvelle enveloppe
physique. "invisible, elle disparaît et se re-manifeste visiblement
lorsque des conditions appropriées se présentent. Ici, se montrant
sous la forme d'un moucheron ou d'un ver, ailleurs faisant connaître
sa présence magnifique et éblouissante en tant que Deva ou Archange.
Quand l'une de ses manifestations matérielles meurt, elle meurt aussi,
pour se révéler de nouveau sous un autre nom ou une autre apparence,
à la première occasion favorable". (Bhikkhu Silacara)
Selon le Bouddhisme, la naissance est simplement la manifestation dans un
être, des cinq agrégats. De même que l'apparition d'un
état physique est conditionnée par un état physique antérieur
qui en est la cause, de même la manifestation des phénomènes
psycho-physiques est conditionnée par des causes antérieures
à la naissance.
Le processus actuel de "devenir" est le résultat d'un désir
de "devenir" dans la vie précédente, et l'actuel désir
instinctif de "devenir" conditionnera la vie dans une naissance
future.
De même qu'un processus de vie est possible sans qu'il y ait une entité
permanente pour passer d'un moment-pensée à un autre, de même
une succession de processus de vie est possible sans que quelque chose transmigre
d'une vie à une autre.
Lorsque l'enveloppe physique périt, la conscience ne meurt que pour
donner immédiatement naissance à une nouvelle conscience dans
une nouvelle vie. Cette conscience renouvelée hérite de toutes
les expériences passées. La continuité du flux est ininterrompue
dans le temps et il n'y a pas de rupture dans le courant de la conscience.
De la même manière, lorsqu'un être meurt, sa force Kammique
renaît dans un autre être, et cet être nouveau est conditionné
par le kamma de l'être qui l'a précédé. Le nouvel
être n'est absolument pas le même que le précédent,
puisque les agrégats qui le composent ne sont pas identiques; ni entièrement
différent, puisqu'il fait partie du même courant d'énergie
Kammique. Il y a seulement une continuité du flux vital, et rien d'autre.
Ce processus de naissance et de mort continue ad infinitum,
jusqu'à ce que le flux soit recréé en nibbana-dhatu,
le but ultime des bouddhistes.
Le mot pâli nibbana est formé de la particule négative
ni et de vana qui signifie "tissage" ou "désir".
Ce désir est comme une corde qui relie une existence à une autre.
"Il est appelé nibbana parce qu'il est l'évasion du désir
égoïste, appelé vana".
Littéralement, nibbana signifie absence d'attachement. Quand toutes
les formes du désir sont détruites, l'énergie Kammique
cesse d'agir, la ronde des existences s'arrête et le nibbana est réalisé.
La conception bouddhique de la Délivrance est l'évasion de ce
cycle sans fin de la vie et de mort, pas simplement l'évasion du péché
et de l'enfer.
En un sens, le nibbana est aussi expliqué comme l'extinction du feu
du Désir lobha, de la Haine dosa et de l'illusion moha.
"Le monde entier est en flammes", a dit le Bouddha. "Par quel
feu est-il embrasé ? Par le feu du désir, de la haine et de
l'illusion, par le feu de la naissance, de la vieillesse, de la mort, de la
souffrance, des lamentation, de la douleur, du chagrin et du désespoir
il est embrasé".
Cependant, le nibbana n'est pas un simple fait d'extinction ou de cessation.
L'extinction de ces flammes ne constitue qu'un moyen d'atteindre le but final.
Le nibbana bouddhique n'est pas non plus le néant ou un état
qui est annihilé, du fait que nos cinq sens ne nous permettent pas
de le percevoir. Le croire ainsi serait aussi illogique que d'affirmer que
la lumière n'existe pas, du fait que l'aveugle ne peut pas la percevoir.
Dans l'histoire bien connue du poisson et de la tortue, cette dernière
qui pouvait vivre indifféremment dans l'eau et sur la terre, ne parvenait
pas à faire comprendre à son compagnon la vraie nature de la
terre ferme; mais celui-ci qui ne connaissait pas d'autre univers que la mer,
ne pouvait pas imaginer qu'il existait un autre élément que
l'eau. Finalement, le poisson arrêta la conversation en déclarant
triomphalement que la terre n'existait pas.
Il n'est pas possible de donner une définition exacte du nibbana en
termes conventionnels. Il ne peut pas être décrit, il peut seulement
être réalisé. "Il est un état qui est non-né,
non-produit, non-créé, non-formé". Contrairement
au sa?sara, il est éternel dhuva, désirable subha et heureux
sukha. Dans le nibbana, rien n'est "éternisé" et rien
n'est "anéanti". Seule la souffrance est anéantie.
Le nibbana est la béatitude suprême, parce qu'il n'est pas un
bonheur expérimenté par les sens. C'est un état heureux
de vrai soulagement par la libération des maux de l'existence.
"Il y a deux sortes de bonheur, ô Bhikkhus, le bonheur que donne
le plaisir des sens, et le bonheur du renoncement. Mais le plus grand des
deux est le bonheur du renoncement".
Le nibbana n'est situé nulle part; il n'est pas non plus une sorte
de paradis où réside un "ego" transcendant. C'est
un état que nous devons réaliser en nous, une connaissance intuitive
à laquelle nous pouvons tous parvenir, dans cette vie même. Cette
conception bouddhique du nibbana est à l'opposé des autres conceptions
qui affirment qu'un paradis éternel ne peut être atteint qu'après
la mort; ou qu'une union avec un Dieu ou avec une Essence Divine ne peut être
accomplie que dans l'Au-delà.
Quand il est réalisé dans cette vie même, le nibbana est
appelé sa-upadisesa nibbana-dhatu. Dans le cas d'un arahat qui atteint
le parinibbana, après la désintégration de son corps,
et sans que rien ne subsiste de son existence temporelle, le nibbana est appelé
anupadisesa nibbana- dhatu.
"S'ils prêchent que le nibbana est la cessation,
Dites qu'ils mentent.
S'ils prêchent que le nibbana est la vie,
Dites qu'ils se trompent".(Sir Ewin Arnold)
Du point de vue métaphysique, le nibbana est la délivrance de
la douleur. Du point de vue psychologique, le nibbana est la destruction de
l'égoïsme. Du point de vue éthique, le nibbana est l'extinction
du désir, de la haine et de l'ignorance.
"Le feu des passions n'existe pas pour celui qui a terminé son
voyage, qui est délivré de toute douleur, qui est complètement
libéré, qui a détruit tout attachement". (dhammapada)
L'arahat existe-t-il après la mort? Le Bouddha répondit : "L'Arahat
qui s'est libéré des cinq agrégats, est profond, incommensurable
comme le vaste océan. Dire qu'il renaît, cela n'est pas exact.
Dire qu'il ne renaît pas, cela n'est pas exact. Dire qu'il existe après
la mort, cela n'est pas exact. Dire qu'il n'existe pas après la mort,
cela n'est pas exact".
On ne peut pas dire qu'un arahat renaît, car toutes les passions qui
conditionnent la re-naissance ont été détruites. Ni qu'un
arahat est anéanti, car il n'y a rien à anéantir.
Le savant Robert Oppenheimer écrit: "Quand nous demandons, par
exemple, si la position de l'électron reste la même, nous devons
dire "non" quand nous demandons si la position de l'électron
change avec le temps, nous devons dire "non"; quand nous demandons
si l'électron est au repos, nous devons dire "non"; quand
nous demandons s'il est en mouvement, nous devons dire "non".
"Le Bouddha donnait des réponses de ce genre, quand on l'interrogeait
sur les conditions du "moi" de l'homme après sa mort(*).
Mais ce sont des réponses non conformes à la tradition de l'esprit
scientifique du 17ème et du 18ème siècle".
En résumé, qu'est-ce donc que le nibbana? Cette question ne
pourra jamais recevoir une réponse précise et satisfaisante.
Le nibbana ne peut pas être perçu par les cinq sens, il ne peut
pas être décrit par le langage humain. Il est situé au-delà
de la logique du raisonnement. Malgré toutes nos discussions spéculatives,
nous ne serons jamais en mesure de discerner sa vraie nature.
Le meilleur moyen de comprendre le nibbana est de le réaliser, tendant
nos efforts, dès maintenant, vers ce but qui reste encore caché
à nos yeux; d'avancer avec courage et constance sur le Chemin qui y
mène, ce Chemin que le Bouddha a parcouru et qu'il a montré
à ses disciples. Puis, un jour, au bout du Chemin, apparaît le
but suprême, clair, sûr, défini, aussi lumineux que la
lune émergeant des nuages. La Vérité Eternelle, la Réalité
Ultime, L'inconditionné, le nibbana est atteint.
(*) L'auteur fait allusion à l'état d'un Arahat après
la mort.
LE CHEMIN QUI CONDUIT AU NIBBANA
Le chemin qui conduit au nibbana est la voie Moyenne majjhima
pa?tipada, ainsi appelé parce qu'elle évite deux extrêmes:
l'un, l'abandon aux plaisirs sensuels, qui est "bas, grossier, vulgaire,
impur et sans profit"; l'autre, l'abandon aux mortifications, qui est
"douloureux, impur et sans profit".
"Rejetant ces deux extrêmes, le tathagata (celui qui est venu ainsi)
a découvert la voie Moyenne qui donne la perception claire et la Connaissance,
qui conduit à la paix, à la sagesse, à l'Eveil, au nibbana".
C'est le Noble Octuple Chemin qui est composé de huit facteurs :
1 - La Compréhension Juste-samma ditthi
2 - La Pensée Juste- samma sankappa
3 - La Parole Juste- samma vaca
4 - L'Action Juste- samma kammanta
5 - Les Moyens d'Existence Juste- samma ajiva
6 - L'Effort Juste- samma vayama
7 - L'Attention Juste- samma sati
8 - La Concentration Juste- samma samadhi
La voie Moyenne, constituée par la Moralité sila, la concentration
samadhi et la sagesse pañña, est résumée dans
ces beaux vers :"Sabba pâpassa akaranam
Kusalassa upasampadâ
Sacitta pariyodapanam
Etam Buddhâna sâsanam"
"S'abstenir de faire le mal,
Cultiver le bien,
Purifier son esprit,
Tel est l'enseignement des Bouddhas".
Le Noble Octuple Chemin qui constitue l'essence de l'enseignement du Bouddha,
est aussi un chemin de culture et de progrès intérieur.
La Moralité est la première étape sur le Chemin qui mène
au nibbana.
Un bouddhiste ne tue pas et ne nuit à la vie d'aucun être vivant;
il est bon et compatissant envers tous, y compris la plus petite des créatures
qui rampe à ses pieds.
Il ne prend pas le bien d'autrui et pratique l'honnêteté et la
droiture en toutes circonstances.
Il ne cède pas aux convoitises de la chair, pour ne pas avilir la noble
nature de l'homme.
Il se garde du mensonge, car il doit être toujours sincère et
digne de confiance.
Il s'abstient de l'usage des boissons enivrantes et des stupéfiants
qui l'empêchent d'être sobre et diligent.
Un vrai bouddhiste est tenu d'observer ces principes éthiques fondamentaux
dans sa vie quotidienne. Pour celui qui est déterminé à
suivre l'Octuple Chemin de la paix, la non-observrance de ces principes crée
des obstacles qui retarderaient sa marche vers la Délivrance.
Si les circonstances le permettent, le pèlerin spirituel peut progresser
en observant trois ou cinq préceptes de plus.
Ainsi, aspirant vigilant, avance-t-il lentement et régulièrement,
maître de ses paroles, de ses actes et de ses sens. Il se peut que sa
force Kammique le pousse à renoncer aux plaisirs terrestre et à
adopter la vie de l'ascète. Il pense alors que :
"Source de conflits est la vie de famille,
Pleine de labeur et de soucis.
Mais libre et haute comme le ciel,
Est la vie que les sans-foyer mène".
Cependant, il n'est pas nécessaire d'être un Bhikkhu pour pouvoir
atteindre son but. Un Bhikkhu fait des progrès spirituels plus rapides,
mais un disciple laïque a aussi toute possibilité de devenir un
Saint.
Prenant fermement appui sur la Moralité, le pèlerin poursuit
son chemin en abordant une pratique plus élevée, le samadhi,
la discipline mentale, qui constitue la deuxième étape sur le
Chemin de la Pureté.
Le samadhi consiste à concentrer son esprit et à le garder fixé
sur un seul point, à l'exclusion à tout autre. Parmi les différents
sujets de méditation qui varient selon le tempérament de chaque
individu, il y a la concentration sur la respiration, la plus facile, qui
permet de discipliner l'esprit; la méditation sur les Quatre Etat Subgreys
brahmavihara: l'amour universel metta, la compassion karuna, la joie sympathique
mudita et l'équanimité upekkha, qui apportent la paix de l'esprit
et le bonheur. Ces Quatre Etats sont aussi appelés les Quatre Etats
Illimitables, parce qu'ils sont des pensées nobles et pures adressées
à tous les êtres vivants, sans limitation.
Après avoir soigneusement choisi le sujet de méditation qui
lui convient le mieux, il s'efforce de fixer son attention sur ce sujet, jusqu'à
s'y absorber si complètement que toutes les autres pensées s'effacent
de son esprit.
Les cinq obstacles qui gênent sa progression, c'est-à-dire, les
désirs sensuels, la haine, la paresse et l'indolence, l'agitation et
les pensées harcelantes, le doute, sont temporairement écartés.
Finalement, il atteint à la concentration extatique, et à sa
grande joie, il s'absorbe dans le jhana. Il peut alors jouir du calme et de
la sérénité que donne une parfaite absorption méditative
de l'esprit.
Arrivé à ce stade, il est capable de développer les Cinq
Pouvoirs Supranormaux qui sont l'Oeil Divin, l'Oreille Divine, le Souvenir
des Existences Passées, la Lecture des Pensées, et divers Pouvoirs
Psychiques. Toutefois, il n'est pas indispensable de posséder ces pouvoirs
supranormaux pour parvenir à la Sainteté.
Il reste au Pèlerin à repousser définitivement les obstacles
qui pourraient resurgir sur son Chemin, à détruire complètement
les passions momentanément domptées par la Discipline et la
Concentration; à parvenir à la troisième et dernière
étape, la Vision Pénétrante vipassana pañña,
qui seule lui permet d'acquérir la parfaite connaissance de toutes
choses, et atteindre le But Ultime.
Avec son esprit bien discipliné et semblable maintenant à un
miroir poli, il regarde le monde pour avoir une vue juste de la vie. Dans
quelque direction qu'il se tourne, il ne distingue nettement que les trois
Caractéristiques : l'Impermanence anicca, la souffrance dukkha et le
Non-soi anatta. Il comprend Qu'il n'y a rien qui ne soit conditionné
par une cause; que tout ce qui est conditionné est impermanent et que
la vie est un perpétuel changement. Ni aux cieux ni sur la terre il
n'existe de vrai bonheur, car tout plaisir dans son essence est source de
souffrance, et est le prélude à la douleur. La souffrance provient
de l'impermanence, et là où il y a changement et souffrance,
il ne peut exister d'âme immortelle.
Il choisit alors une des Trois Caractéristiques et continue inlassablement
à développer la Vision Pénétrante dans cette direction,
jusqu'au glorieux où il entrevoit le nibbana, après s'être
débarrassé des trois premières Entraves qui sont: l'Illusion
du Soi, le Doute, la Croyance en l'efficacité des rites et cérémonies.
Il a ainsi atteint la première Etape de l'Emancipation conduisant à
la Sainteté. Il est appelé un sotapanna - Celui qui est entré
dans le courant menant au nibbana. Comme il n'a pas brisé toutes les
Entraves, il renaîtra encore sept fois tout au plus.
Cultivant encore plus profondément la Vision Pénétrante
de la Sagesse, le Noble Pèlerin avance rapidement et atteint la deuxième
Etape de l'Emancipation conduisant à la Sainteté. Il devient
un sakadagami - Celui qui reviendra une fois en rejetant progressivement deux
Entraves de plus, c'est-à-dire, les désirs sensuels et la Répulsion.
Il ne renaîtra plus qu'une seule fois, au cas où il ne deviendra
pas un arahat.
C'est à la troisième Etape de l'Emancipation conduisant à
la Sainteté qu'il devient un anagami - Celui qui ne reviendra plus
- et qu'il détruit complètement les deux Entraves susmentionnées.
Par la suite, il ne reviendra plus sur cette terre et ne cherchera pas à
renaître dans les royaumes célestes, car il n'a plus de désirs
sensuels. Après sa mort, il renaîtra dans les Pures Demeures
suddhavasa, jusqu'à ce qu'il devienne un arahat.
Maintenant, encouragé par le succès de ses efforts, le Saint
Pèlerin fait le reste du chemin, en détruisant les cinq dernières
Entraves qui sont : le désir de vivre dans les Royaumes des Formes,
le désir de vivre dans les Royaumes sans Formes, l'Orgueil, l'Agitation
et l'Ignorance. Ayant atteint la quatrième et dernière Etape
de l'Emancipation conduisant à la Sainteté, il devient un Saint,
un Parfait, un arahat.
Il sait alors que ce qui devait être accompli a été accompli,
qu'il a détruit toutes les impuretés, qu'il s'est libéré
d'un lourd fardeau de souffrance, qu'il a totalement anéanti toutes
les formes d'attachement et d'ignorance, et qu'il a atteint le nibbana. Le
parfait se tient à présent au-dessus des sommets célestes,
bien loin des passions tumultueuses et des souillures du monde. Il jouit de
la béatitude indicible du nibbana, et comme les arahat d'autrefois,
il fait entendre ce chant de joie :
"Volonté et Sagesse, esprit dompté par la discipline,
Noble conduite fondée sur la Moralité,
Purifient les mortels, ce que ne peuvent faire le rang ou la richesse".
Comme le dit T.H. Huxley: "Le Bouddhisme est un système qui n'a
pas de Dieu dans le sens où les Occidentaux le conçoivent, qui
nie l'existence d'une âme chez l'homme, qui considère que la
croyance en l'immortalité est une erreur, qui refuse de croire à
l'efficacité des prières et des sacrifices qui recommande aux
hommes de ne compter que sur leurs propres efforts pour parvenir à
la libération, qui dans sa pureté originelle, ne comportait
pas de vœux d'obéissance et ne recherchait pas l'aide du bras
séculier, mais qui cependant, demeure encore la croyance dominante
d'une large fraction de l'humanité".
CONCENTRATION SUR LA RESPIRATION (anapana sati)
Anapana sati est l'attention sur le processus de la respiration
: ana signifie inspiration : apana expiration:
Le Bouddha pratiquait la concentration sur la respiration avant d'atteindre
l'Eveil.
Cette concentration de l'esprit est une méthode simple qui peut être
pratiquée par chacun, quelles que soient ses convictions religieuses.
Prenez une posture commode et tenez-vous droit. Placez la main droite sur
la main gauche. Les yeux sont clos ou mi-clos.
En général les Occidentaux s'assoient les jambes croisées
et le corps droit. ils placent le pied droit sur la cuisse gauche et pied
gauche sur la cuisse droite. Ceci constitue la position complète. Parfois
ils adoptent la demi-position, en plaçant le pied droit sur la cuisse
gauche ou le pied gauche sur la cuisse droite.
La position triangulaire donne un équilibre parfait à tout le
corps.
Ceux qui trouvent la position jambes croisées trop difficile peuvent
s'asseoir confortablement sur une chaise ou tout autre siège assez
haut et laisser leurs pieds reposer sur le sol.
La posture n'a pas d'importance, pourvu qu'elle soit souple et détendue.
La tête ne doit pas être penchée, le cou doit être
droit pour que le nez forme une ligne perpendiculaire avec le nombril.
Avant de commencer l'exercice, rejetez lentement l'air vicié par la
bouche, puis fermez-la.
Maintenant, inspirez par les narines, normalement, doucement, sans effort.
Mentalement comptez un. Expirez et comptez deux. Inspirez et comptez trois.
Comptez jusqu'à dix, en continuant à vous concentrer sur la
respiration, sans penser à rien d'autre. Votre esprit peut s'évader,
mais ne vous découragez pas. Vous pouvez augmenter progressivement
le nombre des séries, par exemple cinq séries de dix.
Ensuite, vous pouvez inspirer puis vous arrêter un moment, en vous concentrant
seulement sur l'inspiration, sans compter. Expirer puis arrêtez-vous
un moment. Continuez toujours à inspirer et à expirer en vous
concentrant sur respiration. Certains préfèrent compter: ce
faisant, ils fixent mieux leur attention. D'autres préfèrent
ne pas compter. Ce qui est essentiel c'est la concentration mais non le fait
de compter qui est secondaire.
Quand vous pratiquez cette concentration, vous vous sentez paisible et calme,
l'esprit et le corps légers. Après un certain temps de pratique,
vous vous apercevez un jour que ce qu'on appelle corps est entretenu par le
souffle, et par rien d'autre, et que le corps périt quand le souffle
cesse. Ainsi vous vous rendez compte de la loi de l'impermanence. Là
où il y a changement, il ne peut exister d'entité permanente
ou d'âme immortelle.
Le but de l'attention sur la respiration est d'acquérir d'abord la
concentration de l'esprit, ensuite de développer la Vision Pénétrante
qui permet de se libérer de la souffrance et de parvenir à l'état
d'Arahat.
Dans certains discours, cette méthode est décrite de la façon
suivante :
"Attentivement il inspire; attentivement il expire".
1-Quand il inspire lentement, il sait: "J'inspire lentement". Quand
il expire lentement , il sait : "J'expire lentement".
2-Quand il inspire rapidement; il sait: "J'inspire rapidement".
Quand il expire rapidement, il sait "J'expire rapidement".
3-Comprenant clairement le processus de la respiration (c'est-à-dire
le début, le milieu et la fin) "J'inspire": ainsi s'entraîne-t-il.
Comprenant clairement le processus de la respiration, "J'expire"
: ainsi s'entraîne-t-il :
4-Respirant calmement "J'inspire": ainsi s'entraîne-t-il.
Respirant calmement, "J'expire": ainsi s'entraîne-t-il.
MEDITATION SUR L'AMOUR UNIVERSEL (metta)
Soyez calme et paisible.
-Récitez trois fois: namo buddhaya (Honneur au Bouddha).
-Récitez trois fois: arahat (Le pur)
-Récitez: buddham saranam gacchami (Je cherche refuge en Bouddha).
-dhammam saranam gacchami (Je cherche refuge dans le dhamma).
-sangham saranam gacchami (Je cherche refuge dans le Sangha).
Pensez ainsi :
-Mon esprit est pur, lavé de toute souillure; libéré
du désir égoïste, de la haine et de l'ignorance; débarrassé
de toute pensées mauvaises.
-Mon esprit est pur et propre. Mon esprit est sans tache comme un miroir poli.
-Comme un récipient propre et vide est rempli d'eau pure, je remplis
maintenant mon coeur et mon esprit de pensées paisibles et pures d'amour
universel, de compassion débordante, de joie sympathique et de parfaite
équanimité.
-J'ai maintenant débarrassé mon esprit et mon coeur de la colère,
de la répulsion, de la cruauté, de la violence, de la jalousie,
de l'envie, de la passion et de l'aversion.
Pensez dix fois :
-Que je sois en bonne santé et heureux !
-Que je sois délivré de la souffrance, de la maladie, du chagrin,
des tracas et de soucis, de la colère !
-Que je sois fort, confiant en moi-même, en bonne santé et paisible
!
Pensez ainsi :
-Je charge chaque particule de mon corps, de la tête aux pieds, de pensées
d'amour universel et de compassion. je suis l'amour universel et la compassion.
Tout mon corps est imprégné d'amour universel et de compassion.
Je suis une place forte, une forteresse d'amour universel et de compassion.
Je ne suis qu'amour universel et compassion. Je suis devenu pur, grand, noble.
Pensez dix fois :
-Que je sois en bonne santé et heureux !
-Que je sois libéré de la souffrance, de la maladie, du chagrin,
des tracas et des soucis, de la colère !
-Que je sois fort, confiant en moi-même, en bonne santé et paisible
!
Pensez ainsi :
-Mentalement je crée une Aura d'amour universel autour de moi. Par
cette Aura, je rejette toutes les pensées négatives et les vibrations
hostiles. Je ne ressens pas les mauvaises vibrations des autres. Je rends
le bien pour le mal, l'amour universel pour la colère, la compassion
pour la cruauté, la joie sympathique pour la jalousie. Je suis paisible
et mon esprit est bien équilibré.
-Maintenant je suis une forteresse d'amour universel, une place forte de moralité.
-Ce que j'ai acquis, je le donne maintenant aux autres.
Pensez à tous ceux qui sont proches et chers, aux membres de votre
famille, individuellement et collectivement. Remplissez-les de pensées
d'amour universel et souhaitez-leur la paix et les bonheur, en répétant
: que tous soient en bonne santé et heureux !... Ensuite pensez à
tous les êtres visibles ou invisibles, proches ou lointains, hommes,
femmes, enfants et animaux, à tous les êtres vivants qui sont
à l'est, à l'ouest au nord, au sud, au-dessus et au-dessous
et faites rayonner sans inimitié et sans limite votre amour universel
vers tous, sans distinction de classe, de croyance, de race ou de sexe.
Pensez que vous êtres tous frères et sœurs, compagnons errant
sur l'océan de la vie. Vous vous identifiez à tous. Vous êtres
un avec eux.
Au cours de votre vie quotidienne, essayez de mettre ces pensées en
pratique chaque fois que vous le pouvez.
1-Que je sois généreux et serviable ! (dana-générosité)
2-Que je sois maître de moi et de manières irréprochables
!
Que je sois pur et propre dans tout ce que je fais !
Que mes pensées, mes paroles et mes actes soient purs ! (sila-moralité)
3-Que je ne sois pas égoïste et avide, mais altruiste et désintéressé
!
Que je puisse renoncer à mes plaisirs pour l'amour des autres ! (nekkhamma-renoncement)
4-Que je sois sage et capable de voir la vraie nature des choses !
Que je voie la lumière de la Vérité pour conduire les
autres de l'obscurité vers la lumière !
Que je sois éclairé pour éclairer les autres !
Que je puisse faire profiter les autres de ma connaissance ! (pañña-sagesse)
5-Que je sois énergique, fort et persévérant !
Que je fasse des efforts inlassables pour atteindre mon but !
Que j'affronte les dangers sans peur et que je surmonte tous les obstacles
avec courage !
Que je serve les autres de mon mieux ! (viriya-énergie)
6-Que je sois toujours patient !
Que je sois indulgent pour les fautes des autres !
Que je sois tolérant et voie ce qui est bon et beau chez les autres
(khanti-patience)
7-Que je sois toujours droit et honnête !
Que je ne cache pas la vérité par politesse !
Que je ne m'écarte jamais du chemin de la Vérité (sacca-véracité)
8-Que je sois ferme et résolu, et que j'aie une volonté de fer.
Que je sois doux comme une fleur et ferme comme un roc !
Que je possède toujours de nobles principes ! (adhittana-détermination)
9-Que je sois toujours généreux, amical et plein de compassion
!
Que je puisse considérer tous comme mes frères et sœurs,
et être un avec eux ! (metta-amour universel)
10-Que je sois toujours calme, serein, inébranlable et paisible !
Que je possède un esprit bien équilibré !
Que je possède une parfaite équanimité ! (upekkha-équanimité)
Que je serve pour être parfait !
Que je sois parfait pour servir !
Méditez : Qui suis-je ?
Y a t-il un moi ?
Ce qui est appelé « moi » est la source de tous les ennuis,
inquiétudes, troubles et malheurs.
Quand le « moi » se cramponne à quelque chose qu'il désire,
il y a attachement ou affection.
Quand le « moi » n'est pas bien disposé envers quelque
chose qu'il n'aime pas, il y a répulsion, colère ou haine.
Quand le « moi » est frustré, il y a souffrance, chagrin,
soucis, remords, détresse qui pourraient conduire au suicide et au
meurtre.
Quand le « moi » est en danger, il y a crainte.
Quand le « moi » est limité à lui-même, il
y a égoïsme, séparatisme, jalousie, envie.
Quand le « moi » est gonflé d'importance, il y a l'orgueil
ou vanité.
Quand le « moi » s'étend à tous et se font en eux,
il y a désintéressement, fraternité, compassion débordante,
amour universel et harmonie parfaite.
Quand le « moi » est supprimé ou dépassé,
il y a équilibre et équanimité parfaits, sans attachement
et sans aversion.
« Le bonheur dans ce monde est l'absence d'attachement
».
« Le plus grand bonheur consiste à détruire l'orgueil
de soi »
« C'est par soi qu'on est heureux ; c'est par soi qu'on est malheureux
»
« L'homme se souille lui-même,
L'homme se purifie lui-même,
La pureté et la souillure sont en lui-même ».
« Ce corps n'est pas le mien ; ceci n'est pas moi ; ceci n'est pas mon
âme »
« La plus grande des conquêtes est celle de soi-même ».